Le grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg a remporté une manche, mais pas encore le match. Le Conseil d'État a rejeté, mi-mars, les cinq recours en annulation de la déclaration d'utilité publique de cette autoroute de 24 km, appelée à délester l'A35 tangentielle à Strasbourg. Rendu contre l'avis de son rapporteur public - un cas de figure rare - le jugement sème la consternation parmi les opposants à l'origine des recours. Élus locaux, agriculteurs, associations de protection de l'environnement voient dans les 335 millions d'euros budgétés « de l'argent public dépensé pour une mauvaise solution à un vrai problème, faisant l'impasse sur les alternatives qu'offrent les transports en commun, destructrice de 400 ha de bonnes terres agricoles, ravageuse pour la biodiversité », selon Dany Karcher, porte-parole du collectif « GCO non merci ». Les proGCO se recrutent d'abord parmi les acteurs économiques. CCI, Medef, CGPME et chambre de métiers estiment qu'il est temps de faire sauter « les bouchons incessants autour de Strasbourg, causes d'une perte en heures de travail équivalente à 7 500 emplois par an ». Les deux parties tirent des conclusions diamétralement opposées de la prévision de baisse de trafic sur l'A35 grâce au GCO. La direction régionale de l'Équipement la situe entre 5 et 10 %. Suffisant pour les partisans excédés par la saturation, qui ne fera qu'empirer, mais minime au regard des dégâts sur l'environnement, selon « GCO non merci ». Le combat va glisser pour l'essentiel vers le terrain politique : dans les prochaines semaines, les collectivités locales devront se prononcer sur leur participation au financement. À voir, au final, combien d'argent manquera pour boucler le budget. Le conseil régional (UMP) devrait dire oui. « Pour la communauté urbaine de Strasbourg, ce sera non », annonce Jacques Bigot, son président socialiste et candidat malheureux aux régionales.