Plus de 80% des habitats européens sont en mauvais état / Crédits : @ AdobeStock
Un triomphe in extremis. Après des mois de rebondissements, la loi sur la restauration de la nature a été définitivement adoptée ce lundi 17 juin, dans une ultime tentative de rassembler une majorité.
C’est une victoire obtenue de justesse, après des mois de pressions et de volte-face. La loi européenne pour la restauration de la nature a définitivement été adopté ce lundi 17 juin.
Issue du Pacte Vert, cette loi vise à restaurer 20 % des écosystèmes terrestres et marins de l’Union européenne d’ici 2030, et l’ensemble des écosystèmes « dégradés » d’ici 2050. Dans le cadre de cet objectif, les États membres sont sommés de restaurer au moins 30 % des zones concernées (zones humides, forêts...) d’ici 2030, 60 % d’ici 2040, et 90 % d’ici 2050. Ils devront soumettre un « plan national de la restauration » à la Commission européenne pour détailler leur stratégie.
« Ce cadre va nous permettre d’être plus forts face aux impacts des chocs climatiques », s’est réjoui l’eurodéputé Pascal Canfin (Renew), sur X, à la suite de l’adoption. La loi entrera en vigueur le jour de sa promulgation, soit 20 jours après sa publication au Journal officiel.
Un texte voté de justesse
L’adoption du texte était loin d’être gagnée. Après avoir résisté à une forte opposition de la part de la droite et de l’extrême droite, le texte avait obtenu l’aval du Parlement européen, après quelques compromis.
Alors que le règlement devait être voté au Conseil de l’UE en mars, un volte-face surprise de la Hongrie ne permettait plus d’obtenir la majorité. En cause : la crise agricole, et des normes environnementales jugées trop lourdes pour les agriculteurs. Dans ce contexte, un « frein d’urgence » a été introduit, permettant de suspendre les objectifs impliquant le secteur agricole, dans le cadre de « circonstances exceptionnelles ».
Le texte a finalement été remis à l’ordre du jour ce lundi 17 juin, mais en « point B » - un temps dédié aux sujets jugés sensibles, demeurés en suspens. Les chances d’adoption étaient donc maigres. Pour tenter de faire pencher la balance, onze ministres européens de l’Environnement, parmi lesquels Christophe Béchu, avaient encouragé leurs homologues à voter en faveur du texte quelques jours plus tôt.
Au total, 20 pays se sont prononcés pour la loi – dont l’Autriche, qui prônait jusqu’alors l’abstention, permettant d’obtenir de justesse la majorité qualifiée ( 15 États membres comprenant 65 % des citoyens de l’UE). Six Etats ont voté contre (Hongrie, Pologne, Pays-Bas, Italie, Suède et Finlande).
« Ce règlement traduit l’engagement international de l’Union européenne à la mise en œuvre, sur son territoire, du cadre mondial sur la biodiversité adopté en décembre 2022 », s’est félicité Christophe Béchu. Un signal encourageant, quelques mois avant la COP16 biodiversité, qui se tiendra du 21 octobre au 1er novembre 2024 en Colombie.