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BIODIVERSITÉ

2010, la biodiversité locale à la fête !

PUBLIÉ LE 1er MAI 2010
LA RÉDACTION
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Brest, Grenoble, Montpellier, Paris... La liste des villes où se déroulent des manifestations locales en faveur de la biodiversité s'allonge tous les jours en ce début 2010, proclamée par les Nations unies Année internationale de la biodiversité. Une année qui marque paradoxalement l'échec des objectifs internationaux fixés à Johannesburg pour arrêter son érosion. L'Europe révise ses ambitions en vue de la Conférence de Nagoya, la France prépare sa deuxième Stratégie nationale pour la biodiversité d'ici à 2011 et les collectivités prennent depuis quelques années, volontairement ou poussées par le législateur via la loi sur le développement des territoires ruraux en 2005 ou la loi sur les parcs nationaux en 2006, une place grandissante dans la protection de la nature. C'est le cas de Sélestat, typique bourgade du centre de l'Alsace, située sur le territoire de la réserve naturelle régionale de l'Ill Wald dont les 2 000 ha de zones humides et de forêts abritent la plus grande harde de daims vivant à l'état sauvage en France. Dans ce havre de nature où l'on croise cigognes blanches et busards des roseaux, la ville a créé deux réserves forestières intégrales devenues un formidable observatoire de l'avifaune pour les associations naturalistes. Disparu dans les années 1960, le castor y a été réintroduit entre 1999 et 2003. « L'Ill Wald abrite 18 spécimens, qui contribuent eux-mêmes à réintroduire une ripisylve de qualité le long des cours d'eau. C'est un beau succès », s'enthousiasme Philippe Moog, responsable environnement de la ville. À Sélestat, les chauves-souris n'effraient plus les habitants et même la scène culturelle se teinte de nature. En 2006, la ville a soutenu l'organisation par l'association locale Zone 51 d'un festival rock, Léz'arts scéniques, sur le thème de la biodiversité. « Chez nous, le service environnement a vocation à devenir le relais des ressources internes sur la biodiversité, analyse le responsable. Et peut-être un jour étendrons-nous le concept à la biosociétodiversité ! » Mais est-ce plus facile de s'investir quand on possède un patrimoine naturel remarquable ? Pas forcément... Instaurés par décret en 1967, 46 parcs naturels régionaux couvrent aujourd'hui 13 % du territoire et engagent dans leurs chartes de gestion près de 3 900 communes. Une logique contractuelle qui sous-entend une obligation de cohérence pour les signataires. « C'est une des missions des parcs que d'expérimenter la mise en oeuvre des politiques publiques, hier Natura 2000, aujourd'hui la trame verte et bleue et demain le plan d'action zones humides. Nous accompagnons les communes à intégrer la biodiversité dans leurs documents d'urbanisme et nous pouvons prendre en charge la gestion de terrains communaux à fort intérêt écologique. Forcément, le parc crée une dynamique de territoire », analyse Thierry Mouget, chargé de mission biodiversité à la Fédération des parcs naturels régionaux. Les conservatoires d'espaces naturels, gestionnaires et acquéreurs potentiels de sites, sont plus nuancés quant à la considération de la biodiversité dans l'espace rural. « L'idée fait son chemin, mais sur chaque projet, notre premier objectif reste de convaincre le maire et le monde agricole d'agir en adéquation sur le foncier communal », observe Bruno Mounier, directeur de la Fédération des espaces naturels. Paradoxalement, par réflexion sociale sur la ville de demain ou par mal du béton, c'est en ville que la nature reprend ses droits. « En dix ans, on a assisté à un bond de la gestion différenciée des espaces verts, au retour des herbes folles en ville et l'exclusion des phytosanitaires. Les villes s'ouvrent désormais à de nouvelles formes de vert ; elles créent des jardins partagés, réfléchissent sur leurs trames vertes et bleues, montent des observatoires de la biodiversité et sollicitent scientifiques et associatifs sur des inventaires urbains de la faune et de la flore. En officialisant ces orientations, le Grenelle a valorisé leur démarche », analyse Gaëlle Aggeri, responsable du pôle national de compétence espaces verts du Centre national de la fonction publique territoriale ( CNFPT) à l'Enact de Montpellier. À Nantes, le quartier de la petite Amazonie, habitat prioritaire de saulaie blanche situé en bord de Loire, est classé Natura 2000. En 2004, la ville a intégré au projet de renouvellement urbain de l'île de Nantes un plan de conservation de l'Angélique des estuaires conciliant la protection de cette espèce protégée et sa politique d'aménagement. « La protection de la biodiversité remarquable sur notre territoire, c'est la base. Mais l'enjeu actuel des villes est de privilégier la densification urbaine au lieu de laisser bétonner la campagne. Et cette densification pour être vivable doit s'accompagner d'une politique sur la nature », analyse Renan Dantec, adjoint à l'environnement de la ville de Nantes. Pour mieux appréhender sa biodiversité urbaine, la municipalité nantaise a soutenu la création d'un centre de soins de la faune sauvage et des écosystèmes et lancé, en novembre dernier, une étude sur la perméabilité urbaine en suivant les déplacements du hérisson. « L'idée, c'est de voir si sa trame peut recouper celle du piéton et permettre des trames communes. » Créé au printemps, le Conseil nantais de la biodiversité, lieu d'échanges entre associatifs et scientifiques va soutenir l'élaboration du parcours urbain de la biodiversité, qui reliera d'est en ouest tous les îlots de nature de la ville. « C'est le gros projet du mandat, souligne l'élu. Ce concept de continuité insuffle une nouvelle vision dynamique à la biodiversité dans la ville, mais nous manquons de savoir-faire. Comment évaluer l'impact des aménagements futurs sur le fuseau retenu pour la trame, ce sont de vraies questions sur lesquelles nous travaillerons avec le conseil et à l'échelle du schéma de cohérence territoriale. » En effet, les méthodes restent à creuser. C'est pourquoi, le CNFPT a depuis deux ans enrichi ses formations pour les responsables de services de sessions sur la trame verte et bleue et sur la mise en oeuvre d'observatoires de la biodiversité. « En instaurant des schémas de cohérence écologiques copilotés par l'État et les Régions, la loi Grenelle 2 va devancer l'état des connaissances, et nécessiter une traduction pour les collectivités locales », constate Gaëlle Aggeri. Celles-ci cherchent aussi à intégrer les compétences nécessaires dès le recrutement. C'est le cas de la communauté d'agglomération des lacs de l'Essonne, située en banlieue parisienne et encerclée par Orly et l'A6. Pas très nature à priori et pourtant... Ses lacs sont classés espaces naturels sensibles par le conseil général et en partie zone naturelle d'intérêt écologique, floristique et faunistique (Znieff). En février dernier, l'agglomération recherchait son directeur de l'entretien de l'espace public, dont la mission contribue à la restauration de la biodiversité en milieu urbain. « Auparavant, nous aurions recruté un spécialiste de la voirie, mais le président veut afficher une rupture, rapporte Éric Maison, directeur des services techniques. Nous avons donc choisi d'aborder tous les aspects de la biodiversité de front. Sensibilisation de nos agents en interne via un atlas photographique du paysage, inventaires faunistique et floristique de nos lacs, réflexion sur une trame verte paysagère avec le bureau d'études Coloco et l'inventeur des jardins en mouvement Gilles Clément. Nous déclinons aussi un volet culturel et pédagogique et pilotons le réseau essonnien sur la biodiversité lancé par le conseil général dans le cadre de son Agenda 21. » De son côté, l'agglomération du Beauvaisis a diffusé en janvier une offre d'emploi d'un nouveau genre : chargé de mission biodiversité au sein de son pôle technique. Les candidatures n'ont pas manqué. « L'idée de départ, c'est de nous doter d'une compétence pour gérer nos sites Natura 2000. À vrai dire, nous n'avons pas d'objectifs clairement établis sur la biodiversité, mais cette embauche va nous ouvrir des perspectives », estime Guillaume Sergeant, chargé de mission environnement de l'agglo. Comme l'analyse Florence Clap au comité français de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) en référence au récent état des lieux dressé sur l'engagement des collectivités en faveur de la biodiversité, « depuis 2005, la moitié des conseils régionaux se sont fixé un cap sur la biodiversité en élaborant stratégie, plan ou schéma régionaux. Mais les actions des collectivités locales restent globalement ponctuelles et hétérogènes. Il manque une articulation cohérente des compétences et des stratégies locales avec des traductions opérationnelles ». En mettant la biodiversité à l'honneur, l'année 2010 leur fournit l'opportunité de se rattraper. Brest Métropole océane (BMO) a ainsi profité de l'événement pour se proclamer capitale maritime de la biodiversité. « Il y a un créneau à prendre cette année, reconnaît Alain Masson, vice-président en charge du développement durable de BMO. Mais ce slogan nous va bien. Il traduit notre culture, nos engagements partenariaux (Océanopolis, Ifremer, Conservatoire botanique national de Bretagne) et nous ne nous en départirons plus. » Contrat de rade, contrats de restauration et d'entretien des zones humides, schéma d'aménagement et de gestion des eaux, trame verte et bleue inscrite depuis 1998 dans les documents d'urbanisme, sites Natura 2000 et parc marin d'Iroise, l'agglomération brestoise jongle depuis vingt ans avec les outils de protection de sa rade et, en décembre dernier, a même adopté un Agenda 21. En tête de ses trente-trois actions, la promotion de la biodiversité. Une démarche qui, pour l'élu brestois, permet de recentrer les compétences de l'agglo sur ce thème et d'organiser sa politique territoriale. « La biodiversité concerne aussi bien les services environnement, espaces verts ou urbanisme et même l'éducation à l'environnement. D'où l'intérêt de transcrire nos orientations dans un document qui orchestre notre politique de développement durable », confirme Renan Dantec, en référence au chapitre nature en ville de l'Agenda 21 nantais. D'autres collectivités optent pour une politique ciblée sans stratégie globale de développement durable. C'est le choix de Montpellier qui a présenté son plan d'action biodiversité en février dernier. « Nous avons préféré innover sur notre propre politique publique, précise Michaël Delafosse, en charge de la culture et de la culture scientifique et technique de la ville. En nous engageant dans le Réseau international des villes pour la biodiversité à l'initiative de Curitiba (Brésil) et en déclinant cette implication localement avec comme priorité la sensibilisation de nos habitants. » En les associant à la création d'un atlas de la biodiversité, en valorisant les friches municipales avec Gilles Clément, en installant 300 à 400 nichoirs dans des parcs et des écoles en collaboration avec le CNRS pour étudier le comportement des mésanges, par le biais de son zoo municipal ou d'un agriparc de 18 ha créé en 2009. Même entrée en matière à Paris. La capitale, qui peut se vanter d'un ambitieux plan climat, ne se démarque pas par l'audace de son premier plan d'action. Celui-ci repose principalement sur la participation des citoyens à des inventaires portant sur une quinzaine d'espèces sur quatre sites pilotes. Un site Internet spécialisé et des ateliers professionnels complètent le programme, le tout devant aboutir en septembre prochain à déposer un projet Life+. Un financement européen que vient de décrocher l'Inra pour réintroduire des abeilles sauvages sur le Grand Lyon. Et si Paris se prend à rêver du cimetière du Père-Lachaise reconverti en eldorado pour papillons, l'association Vivarmor Nature a déjà mobilisé depuis 2004 une quinzaine de villes bretonnes, de Trégueux à Saint-Brieuc, pour créer 32 ha de refuges pour ces insectes. « Nous insistons sur le fait que la préservation de la biodiversité n'est plus un passe-temps pour naturalistes, mais qu'il y a une réelle notion de service rendu par la collectivité, souligne Jérémy Allain, directeur de l'association. Les élus sont sensibles à ce message. » Avec un lancement prévu fin avril par le ministère de l'Écologie pour soutenir l'élaboration par les élus d'inventaires (260 communes visées dès 2010 et 1 000 d'ici à 2012), les atlas de la biodiversité dans les communes devraient, eux aussi, contribuer à la mobilisation locale.
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