Octroyer une identité à la vallée de la Seine, c'est le défi lancé par le département de la Seine-Maritime et les collectivités régionales, avec 380 millions d'euros prévus pour sa valorisation. Selon Didier Marie, président du conseil général, « le fleuve a trop souvent été considéré comme un corridor du transport fluvial. Il doit devenir un espace partagé par tous les usagers, reflétant la qualité de vie en Seine-Maritime et dans l'Eure. » Au coeur du pacte Grande Seine 2015 figurent donc la sauvegarde des espaces naturels et des paysages, la reconquête des berges de la Seine par ses habitants, la gestion du risque d'inondations et la renaturation des affluents du fleuve.
L'exploitation de sa dynamique passe d'abord par des opérations de restauration des digues. Karine Gonçalves, responsable du bureau de prévision des crues à Rouen, souligne que « les surcotes maritimes, phénomènes cycliques, peuvent encore être responsables d'inondations ». Sur la rive gauche, des études techniques ont été lancées à La Bouille, Mouny et Octeville (76) pour rénover les digues en bord de routes. Dix millions d'euros sont alloués à ces travaux, qui devraient débuter dès 2012. Sur la rive droite, la restauration des digues, à hauteur de 4 millions d'euros, est également prévue en 2011 à Hautot-sur-Seine, Yainville et Le Trait (76).
La réhabilitation des bords de Seine est également prévue par le pacte Grande Seine 2015, « via une alternative au tout-béton », selon Yann Labiste, chargé de mission sur les berges de la Seine. « Dans le Val-de-la-Haye (76), nous avons mis en oeuvre des techniques de génie végétal avec des plantes hélophytes qui acceptent une submersion par la marée. L'expérience est un succès ; des espèces rares sont même apparues. »
À côté du tout végétal, des techniques de génie mixte ont également fait l'objet d'expérimentations. « Au Trait, nous avons installé un enrochement naturel en bas de berge pour résister au batillage - les vagues générées par le passage des bateaux - et aux marées, et placé des végétaux au sommet. Nous pensons aussi à la valorisation du territoire », précise Yann Labiste. Ainsi des emprises pour un futur sentier piétonnier ou une ouverture vers la Seine font partie intégrante de la rénovation des berges. À terme, 120 km de pistes cyclables relieront Rouen au Havre. Enfin, la vallée de la Seine comprend 20 % de zones humides, dix fois plus qu'au niveau national. « La réhabilitation des marais devrait préserver la biodiversité », selon Vincent Targosz, écoconseiller à la mairie du Trait.