Face au succès des refuges de particuliers, la Ligue de protection des oiseaux ( LPO) a ouvert, en 2004, son agrément Refuge LPO aux espaces verts des entreprises et des collectivités. Près de 70 sites naturels favorisant le développement de la biodiversité locale en ont déjà bénéficié. L'occasion pour le propriétaire du terrain de faire reconnaître ses actions, de valoriser le domaine agréé et de sensibiliser le public. La démarche, valable pour tous types d'espaces verts, est simple et accompagnée. « Les entreprises et les collectivités intéressées contactent la délégation LPO la plus proche », explique Roxane Burnel, responsable du programme à la LPO France. Elles s'engagent alors, via la signature d'une charte, à favoriser le développement d'une faune et d'une flore sauvages sur le refuge, et à y limiter leur impact sur l'environnement, en particulier en y supprimant les produits chimiques et la chasse. Des naturalistes de la LPO établissent alors un diagnostic du site, via des inventaires faunistique, floristique et paysager pouvant durer plusieurs mois. Un plan de gestion sur cinq ans destiné à favoriser le développement des espèces locales est ensuite remis, en même temps qu'une estimation de budget, à la personne référente au sein de l'entreprise ou de la collectivité. « La LPO a une approche très pragmatique. Elle propose des actions adaptées à l'environnement du site, pour un coût relativement modeste », estime Valérie Terrien, responsable biodiversité pour le site Yves Rocher de La Gacilly, passé en refuge en 2007. La facture peut cependant beaucoup varier selon les sites. Le diagnostic peut coûter « de 1 500 à plus de 50 000 euros en fonction de la surface du terrain », prévient Samuel Maas, de la LPO Franche-Comté. Le plan de gestion préconise généralement peu de gros travaux, au profit de simples changements dans les habitudes d'entretien du site : ne pas faucher les orties ni ramasser le bois mort, espacer les tontes de l'herbe, etc. « Cette gestion différenciée est peu coûteuse en main-d'oeuvre », assure Christian Griffon, des services techniques des jardins d'Angers, dont le nouveau parc de Balzac de 46 ha a été agréé par la LPO en 2006. Michelle Mouneyrac, de la direction des parcs et jardins de Besançon, ne prévoit ainsi, pour le refuge de 27 ha récemment créé au coeur de la ville, « aucune augmentation de budget, ni de personnel ; seulement une gestion plus fine. » La LPO propose pour cela des formations de quelques jours, appréciées par le personnel technique chargé du site. Elle propose également des actions de sensibilisation du public ou du personnel de l'entreprise à la biodiversité. Pour Valérie Terrien, « cela permet aux salariés de s'intéresser différemment à leur lieu de travail ». Le passage en gestion différenciée « se doit d'être accompagné d'explications, ajoute Françoise Presse, adjointe en charge des espaces verts à la mairie de Besançon, car cela peut vite paraître mal entretenu », explique-t-elle. Cinq ans après l'inauguration du refuge, la LPO fait un inventaire bilan des espèces et vérifie que toutes les actions prévues ont été engagées. Les plus motivés peuvent s'engager dans un second plan de gestion, fixant de nouvelles priorités.