On pourrait appeler cela le bonus Grenelle et le mesurer à 25 % : le PLU (plan local d'urbanisme) d'Haguenau (Bas-Rhin), a baissé d'un quart, de 300 à 225 hectares, le total des extensions urbaines autorisées. Car, entre la mouture d'avant l'été 2010 et la version définitive du PLU qui doit être approuvée en septembre prochain, la ville de 36 000 habitants a pris le temps d'intégrer les dernières dispositions législatives et de se doter ainsi de l'un des tout premiers PLU « Grenellisés » de France.
« La loi Grenelle a entraîné des modifications de forme dans la présentation des documents, par exemple pour intégrer l'analyse de la consommation d'espace. Mais elle n'a pas bouleversé le fond : notre approche postulait déjà la modération de la consommation foncière par rapport aux 538 hectares annuels du plan d'occupation des sols. Nous avons retardé le calendrier de quelques mois pour faire l'économie d'une révision purement réglementaire qui serait intervenue peu après l'adoption. Nous avons rediscuté avec les associations, sans reprendre tout le débat d'orientation ni modifier l'évaluation environnementale qui correspondait aux objectifs du Grenelle 2 », énonce Christine Schmelzer, adjointe à l'urbanisme.
Car dans cette ville, l'immense forêt qui réduit à 10 % la part urbanisée du territoire et multiplie les zones Natura 2000, engendre depuis des lustres une sensibilité locale aux questions d'environnement, de préservation des espaces naturels et de biodiversité telle qu'aucun élu ne peut l'ignorer. Les hectares « gagnés » sont des réserves foncières classées urbanisables à long terme, aujourd'hui converties en zones naturelles. En langage technique, elles sont passées du zonage 2AU à N. « On est allé au maximum, sans obérer les capacités de développement à court terme », souligne Christine Schmelzer. Un message à l'adresse des chefs d'entreprise dont certains s'estiment bridés dans leur volonté d'expansion. De plus, les 225 hectares restants incluent une moyenne de 10 % d'espaces verts et coulées vertes. Deux zones d'activités ont fait l'objet de discussions difficiles avec les associations environnementales, du fait de la présence d'une plante, l'armérie à tige allongée, et d'un espace humide propice au papillon l'azuré des paluds. « Les réductions de surface obtenues évitent les empiétements, mais elles laissent l'urbanisation encore proche des sites sensibles. Il faudra surveiller la mise en oeuvre du PLU. Et éviter les situations irréversibles », estime Alain Mastio, responsable local de l'association Alsace Nature, qui salue l'esprit d'écoute des élus. D'ailleurs, la ville compte bien garantir son patrimoine écologique par des plans d'action et de gestion localisés consignés dans un PMVE, un plan de mise en valeur de l'environnement.