Sur les 35.000 espèces de plantes qui poussent au Brésil, près de 15.000 n'ont pas encore été photographiées. Crédits : Pixabay
Près de la moitié de la flore terrestre n’a jamais été photographiée à l’état sauvage, estiment des auteurs dans une étude. Cette faiblesse d’illustration constitue un obstacle pour l’identification et la protection de la biodiversité végétale.
Les clichés des plantes foisonnent dans les différents moteurs de recherche et les réseau sociaux… Et pourtant, des auteurs dévoilent une conclusion surprenante dans une étude publiée dans Nature Plants : la moitié des plantes terrestres n’ont jamais été photographiées à l’état sauvage. Ce travail met en lumière l’importance de l’identification des plantes terrestres et l’enjeu de leur préservation.
31 auteurs répartis sur 3 continents Amérique, Europe et Australie, ont analysé 25 plateformes regroupant des images de plantes, tels que la plateforme collaborative développée par le Cirad, INRAE, Inria et l’IRD, Pl@ntNet. Résultats : des dizaines de milliers d’espèces de plantes sont consultables sur internet notamment de l’hémisphère occidental (l’Amérique du Nord). En revanche, plusieurs dizaines de milliers d’autres espèces ne sont pas illustrées. La majorité de ces plantes se trouvent dans les zones tropicales (l’Amérique du Sud, l’Amérique centrale et les Caraïbes). Par exemple, sur les 35.000 espèces de plantes qui poussent au Brésil, près de 15.000 n’ont pas encore été photographiées.
« Ces espèces, les moins connues et souvent les plus menacées, ne sont ainsi identifiables qu’à travers leurs descriptions textuelles et des spécimens d’herbiers numérisés, ce qui limite grandement les efforts pour leur conservation », explique Pierre Bonnet, chercheur au Cirad et co-auteur de l’étude.
Un défi d’illustration des plantes
Parmi les 26 sites étudiés, aucun ne référence à lui seul la plupart des espèces, « pas même Google ou le site du système mondial d’information sur la biodiversité (GBIF), qui regroupent pourtant les contributions des principaux acteurs mondiaux de la conservation de la biodiversité végétale », peut-on lire.
Cette absence de catalogue unifié des images de plantes pose un problème d’identification et de protection de la biodiversité. « Nous sommes au milieu d’une crise d’extinction mondiale : comment protéger des plantes en danger sans savoir à quoi elles ressemblent ? Il nous faut imaginer une galerie mondiale, accessible en ligne, capable d’organiser facilement les photos de plantes et où il sera facile de les trouver », souligne Nigel Pitman, chercheur au Field Museum et premier auteur de l’étude.
De ce fait, les auteurs appellent à un effort mondial pour accroître l’identification de la biodiversité végétale. La force des réseaux sociaux pourrait permettre de relever ce défi.