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BIODIVERSITÉ

Xavier Bartet : « L'ONF est aux avant-postes de la lutte contre les incendies »

PUBLIÉ LE 16 JUIN 2023
ANTHONY LAURENT
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Xavier Bartet : « L'ONF est aux avant-postes de la lutte contre les incendies »
Sécheresses, incendies, parasites... La forêt française fait face à bien des défis liés aux dérèglements climatiques. Des solutions existent-elles ? La forêt est-elle amenée à disparaître à terme ? Éléments de réponse avec Xavier Bartet, adjoint à la cheffe du département Recherche, Développement et Innovation de l’Office national des forêts (ONF).

Environnement Magazine : Quel est l’état des lieux concernant la forêt métropolitaine ?

Xavier Bartet : La surface forestière française est de 17 millions d’hectares. Depuis 200 ans, elle a doublé de surface et depuis 1985 particulièrement, elle a gagné 3 millions d’hectares. La forêt française est donc en croissance. Notre préoccupation première vis-à-vis de ce patrimoine est le dérèglement climatique. Ce qui est sûr, c’est qu’il y aura toujours de la forêt. En revanche, son faciès est amené à évoluer, avec certaines espèces qui vont disparaître sur certains territoires et d’autres qui vont apparaître.

Que peut-on dire des impacts du dérèglement climatique sur la forêt française ?

Ce qui impacte le plus la forêt, dans le contexte climatique et environnemental actuel, c’est la sécheresse, le manque d’eau. Les arbres peuvent supporter une seule sécheresse. En revanche, si celles-ci se multiplient et s’amplifient, le déficit hydrique les fragilisera à terme, ce qui induira tôt ou tard leur dépérissement, voire leur mort. De ce point de vue, la situation sera de plus en plus délicate pour nos forêts. Depuis 2018, entre 300 000 et 400 000 hectares ont été touchés par des dépérissements.

Quelles sont les projections de l’ONF concernant les années à venir ? Et quelles sont les actions d’adaptation que vous préconisez ?

D’ici à 50 ans, le faciès de la moitié de la forêt française sera plus ou moins modifié, du fait du dérèglement climatique. Face à ce constat, nous mettons en œuvre trois grands types d’actions. Le premier est de mettre à disposition des forestiers des outils sylvo-climatiques d’aide à la décision – comme ClimEssences –, qui leur permettent d’avoir un aperçu du contexte climatique correspondant à leurs forêts et ainsi de choisir les essences les plus adaptées. Le deuxième type d’action consiste à viser une densité forestière tenant compte de la compétition des végétaux pour la ressource en eau. Nous cherchons ainsi à réduire la densité des peuplements, du fait des sécheresses qui s’intensifient, tout en maintenant ce que l’on appelle « l’ambiance forestière ». Enfin, le troisième type d’action que nous préconisons, c’est d’accélérer la migration naturelle des essences du sud, a priori plus adaptées à des contextes secs, vers le nord. Nous espérons ainsi que ces essences « migrantes » seront plus adaptées aux conditions climatiques plus sèches et chaudes. Pour certaines essences qui peuvent s’hybrider entre elles, celles qui auront fait l’objet de cette « migration assistée », une fois fructifères, pourront se reproduire avec des essences locales permettant ainsi que la nouvelle génération soit plus adaptée aux évolutions climatiques. Nous allons aussi plus loin en faisant migrer des espèces que l’on trouve couramment dans d’autres pays, aux climats plus secs et plus chauds, et dont on teste l’acclimatation dans des zones d’expérimentation que l’on appelle des « îlots d’avenir ».

Qu’est-ce que la gestion durable des forêts, selon l’ONF ?

Il s’agit tout simplement pour nous de notre mode de gestion. Le rôle de l’ONF n’est pas que de vendre du bois. Le bois stockant du carbone, nous avons aussi un rôle de premier plan dans la lutte contre le dérèglement climatique. En outre, la forêt est également un fantastique réservoir de biodiversité. Près de 40 % des forêts de l’État gérées par l’ONF sont en zone Natura 2000, ce qui signifie bien que ces dernières sont importantes pour la préservation de la faune et de la flore sauvages. Par ailleurs, l’ONF a vocation à accueillir le public en forêt et à mener des actions de sensibilisation sur la place et le rôle de la forêt. Enfin, et plus que jamais aujourd’hui, l’ONF est aux avant-postes de la lutte contre les incendies, ce qui concourt aussi à la gestion durable de la forêt. La spécificité de la gestion publique française est d’essayer de concilier l’ensemble de ces services rendus sur un même territoire forestier.

Justement, comment l’ONF prévient-il les risques d’incendie ?

Depuis les années 1990, les forêts du pourtour méditerranéen font l’objet d’un dispositif visant à réduire les risques d’incendie, lequel rencontre un certain succès : il a permis de diminuer de 80 % les surfaces incendiées depuis sa création. Fort de ce succès, l’État souhaite désormais l’étendre à tout le territoire national, de manière différenciée, selon les risques et les secteurs géographiques. Concrètement, ce dispositif, piloté par l’ONF, s’appuie sur des personnels spécialisés capables à la fois d’entretenir la forêt, de la surveiller, mais aussi de sonner l’alerte en cas de départ de feu et d’appuyer les secours en cours d’intervention. Nous menons parallèlement toute une réflexion sur le travail post-incendie. L’idée est de ne pas foncer tête baissée dans la replantation mais bien de voir et de comprendre comment la forêt se régénère d’elle-même. Parfois, elle y parvient ; d’autres fois, elle peine à le faire. Notre rôle est alors de l’accompagner dans sa reconstitution naturelle. Le dépérissement de la forêt par le dérèglement climatique nous enjoindra, et nous enjoint déjà, à intervenir plus qu’auparavant.
 
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