Utiliser les microorganismes pour capter le CO2 et fabriquer des molécules carbonées, c’est le graal de l’industrie chimique. « Plusieurs projets sont en cours pour développer un procédé industriel à partir des micro-algues », note Leopold Demiddeleer, président d’Enobraq. Cette start-up vient se créer sur un projet encore plus ambitieux : transformer génétiquement une levure, qui utilise classiquement des sucres, pour qu’elle utilise directement le CO2 comme matière première. Pourquoi vouloir transformer une levure quand les micro-algues, dotées de la photosynthèse, captent le CO2 naturellement ? Tout simplement car cette culture est maîtrisée à l’échelle industrielle, dans des réacteurs de plusieurs milliers de mètres cube, ce qui n’est pas le cas des cultures de micro-algues.
La société est issue de recherches menées au cluster TWB, qui va également l’héberger. Le fonds d’investissement soutient son démarrage avec un investissement de 1,3 million d’euros, qui devrait permettre de rallier d’autres investisseurs ou fonds publics via des pôles de compétitivité.
« Enobraq doit faire la preuve des recherches menées au sein du projet Carboyeast, piloté depuis février 2012 par Denis Pompon, chercheur au CNRS. Trois brevets ont déjà été déposés et Enobraq doit maintenant faire la preuve du concept avec une souche de levure capable de capter le CO2 et le transformer en une molécule d’intérêt, dans un pilote de laboratoire de 2 litres », détaille Leopold Demiddeleer. La société compte déjà quatre personnes et quatre autres sont en cours de recrutement.
A terme, il s’agit de produire des commodités pour l’industrie chimique, c’est-à-dire des composés en grand volume et à bas coût. Afin de réduire les coûts, le CO2 pourrait provenir des émissions d’aciéries, de cimenteries, voire d’usines de fermentation.AC