Le béton n’a qu’à bien se tenir ! Avec Geocorail, il sera peut-être bientôt possible de renforcer des ouvrages sous-marins avec un matériau fabriqué in situ, par électrolyse. La société a levé 2 millions d’euros fin 2015. De quoi embaucher et passer à la vitesse supérieure. « Nous avons signé une convention avec un opérateur portuaire qui met à notre disposition un espace dans un bac. Cela va nous permettre d’effectuer des tests en eau de mer naturelle, tout en maîtrisant les paramètres de fabrication du Geocorail », explique Philippe Andreani, directeur général de Geocorail.Le procédé séduit par sa simplicité : un générateur électrique basse tension, une grille en métal comme support cathodique, et une anode. C’est tout ! Car le courant induit une réaction d’électrolyse qui précipite le calcium et le magnésium naturellement présents dans l’eau. Ce précipité se forme sur la grille, agissant comme un liant sur les grains de sable, le gravier ou les coquillages. « Le phénomène continue malgré l’épaisseur du Geocorail, car la roche est poreuse », argumente Philippe Andreani. Des essais menés à Belle-Île dans les années 2000, pendant deux ans, ont vu la croissance atteindre de 40 à 50 cm par endroits. Un autre essai a été réalisé à Chatelaillon-Plage en Charente-Maritime pendant quatre mois en 2015, et sera suivi pendant deux ans.Si le principe est simple, il est toutefois influencé par plusieurs paramètres, qu’il faut maîtriser avant de commercialiser le procédé. C’est tout l’objectif des essais prévus dans les prochains mois. « La salinité, comme la température de l’eau, jouent un rôle sur la conductivité et donc la cinétique de la réaction. D’autres paramètres, comme le type de grille ou la taille des mailles sont aussi à explorer », poursuit Philippe Andreani. Sans compter les cycles de tension et d’intensité du générateur électrique. Car il faut parvenir à équilibrer la formation du carbonate de calcium et de l’oxyde de magnésium pour obtenir un matériau à la fois cohésif et résistant mécaniquement. La consommation électrique, de l’ordre de quelques watts par mètre carré, pourrait aussi être optimisée.Geocorail pourrait ainsi être utilisé pour lutter contre l’affouillement, ce phénomène d’érosion autour des structures sous-marines causé par les courants et tourbillons. Le matériau devrait aussi intéresser les aménageurs qui ont désormais l’obligation de mettre en œuvre des mesures de protection de la biodiversité, car l’aspect naturel du matériau favoriser les nurseries de larves et le développement de biofilm. Enfin, dans les ports, Geocorail pourrait solidifier les sédiments pollués et donc les neutraliser. « Un projet soutenu par l’Ademe sera mis en œuvre dans les prochains mois », indique le directeur général.Albane Canto