Après deux ans de développement, Ipsiis commence la production en petite série de sa mousse minérale isolante et non-inflammable. Rien que sur le papier, elle a tout pour elle : bon isolant thermique et phonique, légère, elle est en plus fabriquée à partir de déchets. Ce n'est pas tout : elle est recyclable en fin de vie. « En fait nous fabriquons des mousses à partir de tout matériau minéral : l'argile, le kaolin, les déchets de brique, de béton, d'ardoise, de verre ou encore de calcaire… A condition que les matériaux soit broyés très finement », explique Jaber Tannay, responsable commercial d'Ipsiis. Les fines de carrière pourraient notamment y trouver un débouché.Deux brevets protègent le procédé, qui consiste à ajouter un matériau organique à hauteur de quelques pourcents à la poudre minérale, ainsi que des agents texturant, foisonnant et de cohésion. Après le mélange, la préparation prend l'aspect « d'une glace à l'italienne », qui sèche à la température de 70°C.L'isolant ainsi obtenu se caractérise par une porosité de 100 µm – mais Ipsiis travaille à une porosité plus fine. « La densité actuelle du matériau est de 150 kg/m³, et nous visons 100 kg/m3 », précise Jabert Tannay. Il résiste au feu jusqu'à 1 500 °C, à la compression (de 1 à 10 bars). Sa conductivité thermique lambda est de 40 mW/m.K, soit équivalent à la laine de verre. « Mais notre matériau est sain, rigide, perméable à l'air », indique Jabert Tannay.Deux grands marchés sont visés par Ipsiis : l'isolation thermique et phonique du bâtiment et l'isolation thermique haute performance. La mousse minérale peut en effet être intégrée dans des parpaings, des tuiles, des briques… Des tests sont en cours avec des partenaires du secteur du bâtiment. Pour ce marché, Ipsiis pense insérer son outil de production dans celui de son client, en alternative aux isolants traditionnels (laine de verre, polystyrène, etc.). A charge également pour ce dernier d'homologuer le produit composite ainsi fabriqué. « Plusieurs contrats sont en cours de négociation », indique Jabert Tannay.L'autre application est l'isolation thermique haute température, par exemple des fours industriels. Dans ce cas, la production de la mousse peut se faire en interne, le volume nécessaire étant estimé entre 6 et 7 m³. Là aussi, un projet est en cours. D'autres marchés sont envisagés, comme la protection incendie, ou une application structurelle, pour la fabrication de meubles pour enfants, sans aucune émission de polluant, ou des panneaux mobiles pour l'agencement d'espaces.Albane Canto