Une récente étude de Novethic dévoile qu’un quart des fonds de gestion d’actifs européens ont recours aux politiques d’exclusions des pratiques nocives pour la biodiversité. Décryptage de cette nouvelle tendance.
Novethic a mené une analyse pour évaluer le degré de prise en compte des menaces qui pèsent sur la nature par la finance durable, en identifiant les activités exclues des fonds et des volumes d’encours concernés. Résultat : Sur les 429 fonds verts européens, une centaine de fonds pesant 85 milliards d’euros d’encours proposés par une cinquantaine de sociétés de gestion ont recours aux politiques d’exclusion.
Pour rappel, les « politiques d’exclusions » sont appliquées pour éviter d’investir dans des entreprises et secteurs controversés pour leurs externalités négatives sur la biodiversité. « Cela concerne par ordre décroissant : l’huile de palme, les OGM, la pâte à papier, les pesticides, l’exploitation forestière et minière et l’élevage intensif », indique l’étude.
Novethic révèle ainsi qu’une centaine sur les 429 fonds verts européens appliquent ces exclusions. « La plupart d’entre-eux pratiquent au moins deux exclusions et six fonds en combinent plus de quatre », peut-on lire dans l’étude.
L’huile de palme, principale activité exclue des fonds
Selon l’étude, l’exclusion la plus répandue parmi les centaines de fonds verts européens concerne l’huile de palme. Sa production pose des problèmes sociaux et environnementaux en provoquant la déforestation, la disparition de certaines espèces comme les Orangs-outangs, et les déplorables conditions de travail dans les plantations.
Ainsi, Novethic a identifié fin juin 2021, 59 fonds pesant 42 milliards d’euros excluant ce secteur sous certains critères. « Les fonds s’appuient sur des normes et bonnes pratiques pour différencier les activités éligibles des autres. […] Parmi elles : la certification de toute ou partie de la production, le plus souvent « RSPO » (Table Ronde sur l’Huile de Palme Durable), la traçabilité de l’huile de palme... », fait savoir l’étude.
Ensuite, 46 fonds pesant 40 milliards d’euros excluent les OGM. « Certains excluent entièrement les entreprises impliquées dans le développement et la culture d’OGM, d’autres vont privilégier l’existence d’une politique responsable sur l’utilisation des OGM et l’absence d’activités controversées/non conformes aux conventions internationales en matière d’OGM ».
L’exclusion de la pâte à papier est intégrée par 4 sociétés qui gèrent 18 fonds pesant 19 milliards d’euros. Mais ces sociétés privilégient l’observation des acteurs de la filière Bois et l’évaluation des risques plutôt que « la simple exclusion du secteur. Parmi les critères analysés, on retrouve la certification des forêts et leur gestion responsable, ainsi que leur localisation », détaille l’analyse.
Répartition en Europe
La France est à la pointe de ces politiques d’exclusion sur le marché de la finance durable. Avec une trentaine de fonds et plus de 16 milliards de dollars d’encours appliquant a minima une exclusion, le marché français présente une « sensibilité aux risques de destruction de la biodiversité ».
Toutefois, les deux premières places du podium sont occupées par deux sociétés de gestion qui combinent le plus de pratiques protectrices de la biodiversité :
- L’autrichienne Erste AM pour son fonds en coopération avec le WWF. Ce fonds « Erste WWF Stock Environment », pesant 894 milliards d’euros, a une politique d’exclusion vis à vis des entreprises d’élevage intensif, pesticides, OGM, et exploitation minière. - La suisse SwissCanto Invest avec son fonds « SWC (LU) EF Sustainable » (805 milliards d’euros) qui exclut les activités liées à l’élevage intensif, OGM, exploitation forestière, huile de palme, et la pêche intensive.
La troisième place du podium est occupée par la Française Sycomore Asset Management et son fonds « Sycomore Eco Solutions ». Les pesticides, OGM, huile de palme, et élevage intensif sont les principales activités exclues de ce fonds pesant 563 milliards d’euros.