Jean-Gabriel Grivé, fondateur et CEO de la société Arskan. Crédit : Arskan
Rendre la visualisation des données 3D possible sur smartphone et moins gourmande en C02 ! Telle est la promesse de la technologie développée par la startup lyonnaise Arskan, lauréate du concours i-Nov. EM s’est entretenu avec son fondateur Jean-Gabriel Grivé.
Comment est né Arskan ?
Après avoir réalisé un benchmarking du marché, j’ai remarqué une problématique qui n’était pas réellement traitée : la 3D est incompatible avec le web et surtout sur les téléphones portables. Il faut rappeler que pendant une heure de visualisation de données 3D sur le web, cela génère une pollution via le fonctionnement de serveurs externes comme le streaming classique, et cela coûte cher en termes écologique.
Face à cette problématique je me suis entouré du CNRS en 2015, et j’ai racheté sous forme de licence une technologie de compression de données massives. Puis j’ai passé un accord avec la Société d’accélération du transfert de technologies (SATT) Pulsalys de la région rhônalpine. Cette société est entrée au capital pour construire autour d’Arskan tout un process d’industrialisation.
Concrètement, comment fonctionne la technologie Arskan ?
C’est une innovation qui révolutionne l’usage de la 3D. Notre technologie compresse les données et utilise très peu de données externes. En utilisant une technologie comme la notre, on économiserait 98 % de rejet de CO2 dans l’atmosphère pour la visualisation de la 3D. Contrairement aux concurrents qui utilisent le streaming traditionnel, notre modèle de streaming 3D va analyser un fichier 3D et le déconstruire pour permettre au client de visualiser sans consommer davantage de données.
Concrètement, nous avons un algorithme qui déconstruit le fichier 3D et le regroupe en tranches et petites facettes, puis à chaque découpage il le transforme en formules mathématiques. Nous envoyons par internet la formule mathématique générée et l’utilisateur la reçoit ensuite sur son téléphone ou son PC. Lorsqu’il souhaite visualiser ces données 3D, notre algorithme reconstruit ce qu’il a déconstruit. Notre compresseur utilise la performance du téléphone du client pour reconstruire les données 3D de manière progressive, donc on n’a pas besoin de se connecter à l’extérieur pour faire du streaming 3D.
En bref, c’est une compression de données dans un format P3DW et de transfert de données. C’est comme la MP4 qui est un compresseur inventé pour vidéo, lorsque vous visualisez une vidéo sur votre portable c’est du MP4. Ou encore la MP3 concernant les fichiers de musique qui étaient lourds. Ces fichiers compressés nous permettaient d’écouter de la musique plus facilement tout en étant en mobilité. On peut révolutionner la visualisation de la donnée 3D grâce à notre format P3DW !
D’autres projets sont-ils en cours de développement ?
Nous avons huit projets en cours, dont CAJuN pour la création automatisée d’un jumeau numérique. L’idée à travers ce projet est d’utiliser notre technologie afin de faciliter aux acteurs sur le terrain l’accès à leurs informations même en étant sur site.
Je rappelle que pour utiliser de la 3D il faut des gros ordinateurs, des cartes mémoires, des cartes graphiques et des logiciels, et nous avons du mal à sortir ce type de donnée des bureaux. Notre objectif est de créer un outil qui permet à partir d’un téléphone de donner à un utilisateur l’accès immédiat à ces données, on parle ici d’un jumeau numérique. Faire du jumeau numérique avec la 3D, c’est quelque chose que nous n’avions pas avant mais qu’on propose aujourd’hui ! On a élaboré la plateforme « Arskan SiloData » qui est un générateur de jumeau numérique et un agrégateur de données externes.
Notre technologie, on en a fait une plateforme qui est à disposition des utilisateurs de différents secteurs : de la formation jusqu’à la maintenance et pilotage.