Les pneumatiques sont un facteur important de l’empreinte carbone d’un véhicule. Leur suivi, comme celui de tous les autres facteurs d’émissions, met l’accent sur un point essentiel à l’heure de répondre aux exigences de la directive CSRD : le rôle crucial de la data, explique dans cette tribune Charles Bénard, co-fondateur et chief product officer de Hiboo, spécialiste de la data pour les gestionnaires de matériel BTP.
Dans la course à la décarbonation, chaque détail compte. Il faut traquer les sources d’émissions de carbone les plus significatives ou les plus visibles, mais aussi les plus modestes ou les plus inattendues. D’où notre intérêt pour les pneumatiques, dont les matériels de chantiers sont forts consommateurs. On ne le sait pas toujours, mais les pneumatiques sont un facteur important de l’empreinte carbone d’un véhicule. Ainsi, une pression incorrecte entraine une augmentation de la résistance au roulement et donc une consommation excessive de carburant. Le maintien d’une pression optimale permet dès lors de réduire les émissions de carbone, mais aussi d’allonger la durée de vie des pneumatiques, ce qui économise des ressources et allège l’impact environnemental associé à leur production et à leur élimination. On pourrait multiplier les exemples d’autres mesures pourtant déterminantes dans la diminution de l’empreinte carbone, comme la durée pendant laquelle un moteur de matériel de chantier tourne au ralenti, ce qui indique qu’il ne travaille pas, mais continue de s’user et de rejeter du carbone dans l’atmosphère.
Le rôle de la data
Le traitement de l’empreinte des pneumatiques, comme pour tous les autres facteurs d’émissions, met l’accent sur un point essentiel : le rôle crucial de la data, ce qui n’est certes pas une découverte, mais surtout l’effort qu’il faut accomplir pour l’obtenir, le chemin digital complexe qu’il faut créer pour l’acheminer vers les bons interlocuteurs, la suivre, la sécuriser, la comprendre, la partager. Dans le cas des pneumatiques, chaque constructeur ou loueur de matériels ou de poids-lourds a ses propres fournisseurs, qui ont eux-mêmes leurs propres standards de mesure, leurs propres data. Or l’entreprise a besoin de structures de données homogènes, au coût d’accès raisonnable, dans des référentiels clairs, en conformité avec les réglementations européennes et qui puissent être utilisés dans le quotidien des opérations.
C’est cette connaissance intime de leur propre bilan carbone, qui permettra aux entreprises dans les années à venir, de placer la question de l’impact environnemental au cœur des décisions stratégiques. À partir de 2025, les entreprises (les plus grandes d’abord) vont devoir répondre aux exigences de la directive CSRD et renseigner plus de 1 200 indicateurs dans les domaines de l’environnement, des droits humains et sociaux et de la gouvernance. En matière d’environnement, l’entreprise devra faire figurer de nombreuses informations dans un « rapport de durabilité » vérifié par un tiers de confiance. Pour vous donner une idée du niveau de détail attendu, parmi ces informations, nous avons relevé : le niveau des émissions de gaz à effet de serre, la liste des mesures mises en place pour les compenser ou a minima les réduire, les plans d’actions détaillés pour diminuer les consommations d’énergie et enfin les stratégies mises en œuvre en matière d’atténuation et d’adaptation au changement climatique. Ce travail d’envergure ne peut pas s’accomplir sans un travail de précision de recueil et d’analyse des données avec une granularité optimale. D’où l’influence de la pression des pneumatiques sur la comptabilité carbone…