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Tribune | « L'économie circulaire dans l'industrie électronique : de nouvelles bonnes pratiques gagnent du terrain »

PUBLIÉ LE 2 SEPTEMBRE 2024
TOBIAS THELEMANN, PRODUCT MANAGER POUR LES COMPOSANTS MÉCANIQUES ET L'INSTALLATION ÉLECTRIQUE CHEZ REICHELT ELEKTRONIK
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Tribune | « L'économie circulaire dans l'industrie électronique : de nouvelles bonnes pratiques gagnent du terrain »
Tobias Thelemann / Crédits : reichelt elektronik
Parmi les secteurs dans lesquels le concept d’économie circulaire peut être appliqué avec le plus de succès figure celui de l’électronique, estime dans cette tribune Tobias Thelemann, product manager pour les composants mécaniques et l’installation électrique chez reichelt elektronik.

Pourquoi l’économie circulaire peut-elle représenter un tournant par rapport aux modèles de production traditionnels ? La réponse réside non seulement dans les avantages qu’elle apporte à l’environnement, mais aussi dans sa plus grande commodité pour les entreprises.
Plus de 2,2 milliards de tonnes de déchets sont produites chaque année au sein de l’Union européenne. Pour lutter contre ce fléau, l’UE a mis à jour sa législation en matière de gestion des déchets afin de promouvoir la transition vers une économie circulaire d’ici à 2050. À cette fin, le Parlement européen a d’ailleurs durci, en février 2021, ses règles pour le recyclage, et a établi des objectifs contraignants en matière d’utilisation et d’empreinte écologique des matériaux, à mettre en œuvre d’ici 2030.

Parmi les secteurs dans lesquels le concept d’économie circulaire peut être appliqué avec le plus de succès figure celui de l’électronique. Un secteur dont la dynamique « linéaire » se prête souvent à des dérives comme l’obsolescence programmée.

Une nouvelle approche de la fabrication dans le secteur électronique

Selon les estimations du Global E-waste Monitor 2020 des Nations Unies, plus de 54 millions de tonnes de DEEE (déchets d’équipements électriques et électroniques) sont produites dans le monde. En 2023 en France, la collecte globale de ce type de déchets s’élevait à 994 805 tonnes même si  les Français se classent parmi les meilleurs élèves en Europe dans le cas des DEEE. Ce chiffre est d’autant plus considérable, puisqu’environ 900 tonnes de matières premières secondaires peuvent être produites à partir de 1 000 tonnes de déchets électroniques domestiques recyclés, selon le consortium Erion Weee dédié à la gestion des DEEE.

Si la gestion des DEEE se concentre principalement sur le comportement des citoyens, cette industrie ne peut rester les bras croisés. Avec le Circular Manufacturing, qui vise à industrialiser la réutilisation des ressources sous forme de matériaux et d’énergie, ce nouveau paradigme gagne du terrain.

Dès la phase de conception, les fabricants d’électronique peuvent opter pour des méthodes et des outils permettant d’éviter le gaspillage lors du prototypage de nouveaux produits. Parmi eux, le jumeau numérique représente probablement la technologie la plus prometteuse pour créer et tester des objets virtuellement, avant leur création physique. Une étude de McKinsey a révélé qu’un nombre croissant d’organisations s’attendent à ce que ces dernières accélèrent les processus de développement de produits et améliorent les résultats, tout en réduisant les coûts et l’impact environnemental. À tel point que le marché associé devrait augmenter d’environ 60 % par an au cours des cinq prochaines années, pour atteindre une valeur de 73,5 milliards de dollars d’ici 2027.

En plus du jumeau numérique, l’industrie électronique peut compter sur l’intelligence artificielle pour une gestion plus précise de la qualité, afin d’identifier immédiatement les produits défectueux et ainsi réduire les déchets. De même, grâce aux algorithmes d’IA, il est possible de passer d’une maintenance réactive à une maintenance prédictive qui prévient plus efficacement les dysfonctionnements inattendus et l’usure des machines.

L’économie circulaire dans l’industrie électronique : défis et opportunités
Il ne fait aucun doute que les stratégies d’économie circulaire sont source d’efficacité et d’économies, mais il est également certain que leur adoption n’est pas gratuite. En d’autres termes, cela implique des investissements en termes de ressources et de temps qui font renoncer certains. Les investissements, orientés vers des technologies capables de mesurer les niveaux de consommation ou vers des systèmes énergétiques alternatifs, ne sont pas toujours couverts par les plans gouvernementaux des différents pays.
En France, par exemple, les mesures visant à encourager les technologies habilitantes de l’Industrie 4.0 (crédit d’impôt, fabrication avancée et additive, réalité augmentée, cloud, big data et analytique, cybersécurité, etc.) ont poussé la modernisation de l’industrie manufacturière. Mais à elles seules, elles n’ont pas suffi pour faire un pas de plus vers l’Industrie 5.0 , le nouveau concept développé par la Commission européenne en 2021 qui cherche à combiner innovation et durabilité.

Les piliers de l’économie circulaire s’appuient sur la pertinence assumée par les paramètres ESG (Environnemental, Social, Gouvernance) que les organisations sont appelées à s’approprier à travers un engagement concret et étayé.

L’approbation de la directive Corporate Sustainability Reporting  est une preuve évidente de cette accélération. La directive européenne, lancée en 2022, rend obligatoire la présentation du rapport dit de durabilité pour un éventail de plus en plus large d’entreprises qui devront progressivement, de 2024 à 2026, s’adapter. Il ne s’agit donc pas de devoir certifier volontairement son orientation en faveur de politiques vertes, mais d’y inclure les actions mises en œuvre.

La législation obligatoire n’est qu’un aspect, qui ne doit pas occulter la commodité des pratiques inspirées de l’économie circulaire. Il en va de même pour les incitations et les avantages. Ils peuvent accompagner les entreprises dans leur transformation verte, mais cette transformation doit se faire avec ou sans aide gouvernementale. À cet égard, le World Manufacturing Report mentionné précédemment contient quelques études de cas pour lesquelles l’économie circulaire est devenue une véritable opportunité pour les entreprises qui ont choisi d’adopter son paradigme.
 
 
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