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RECYCLAGE & RÉCUPÉRATION

Economie circulaire : entreprises et Etat se renvoient courtoisement la balle

PUBLIÉ LE 26 OCTOBRE 2018
LAURENCE MADOUI
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Economie circulaire : entreprises et Etat se renvoient courtoisement la balle
La circularité est couramment un sujet de colloque. Pas encore un mouvement de fond. Les engagements des entreprises sont insuffisants, en nombre et en impact, selon les pouvoirs publics. Ils se renforceraient si la réglementation le permettait, assurent les grandes entreprises.

Les divers engagements sur l’économie circulaire, pris unilatéralement par les entreprises ou contractualisés avec l’Etat, pourraient occuper moult colloques. Le club des motivés s’est rassemblé, le 25 octobre au ministère de l’Ecologie, à l’invitation de six associations1. En ouverture de la demi-journée, la secrétaire d’Etat à l’Ecologie Brune Poirson salue une dynamique « prometteuse ». Pour affirmer illico qu’« il faut de nouveaux engagements ».

Loin du saut d’échelle

Sur la circularité du plastique, les engagements annoncés en juillet portent le taux d’incorporation de résines recyclées dans les produits neufs de 7 à 13 % en 2025, horizon du « 100 % recyclage » visé depuis avril par la Feuille de route pour l’économie circulaire (qui fera l’objet d’un projet de loi début 2019). En clôture du colloque, le directeur général de l’Ademe, Fabrice Boissier, juge qu’« on n’est pas à la maille » à maints égards.

Ainsi, les 300 entreprises ralliées au dispositif « TPE-PME gagnantes sur tous les coûts » (économies de fluides, matières et déchets) sont en-deçà des attentes de l’Ademe. L’agence vient de ferrailler en vain avec l’Autorité de régulation professionnelle de la publicité (ARPP) : le jury déontologique réuni début octobre par l’ARPP n’a rien vu de répréhensible dans les affiches de C-Discount, incitant à acquérir en solde des biens superflus « Avec une telle approche marketing, rien ne bougera, s’agace Fabrice Boissier. Changer d’échelle implique d’entraîner chaque service de l’entreprise ainsi que ses partenaires (fournisseurs, clients) et concurrents. »

Les conditions du décollage

Côté entreprises, on invite l’Etat à lever les verrous. « L’autoconsommation d’énergie ne s’envisage aujourd’hui qu’à l’échelle d’un bâtiment, pointe Olivia Conil-Lacoste, directrice développement durable de Bouygues Immobilier. Nous souhaitons, sur dérogation, expérimenter la mutualisation d’énergies à l’échelle d’un quartier, sur un îlot de bâtiments tertiaires et d’habitation à énergie positive, qui sera livré en 2020 à Lyon (écoquartier Confluence). » Le directeur du développement durable de Veolia plaide pour la réutilisation des eaux usées traitées. « On peut consommer des tomates irriguées par des eaux dépolluées provenant du Maroc mais pas de France », relève Pierre Victoria.

Pour son homologue du groupe Bouygues, « l’économie circulaire ne décollera que si la demande décolle ». Pascal Bonnifet affirme qu’« une commande publique prescriptrice », intégrant dans les cahiers des charges « des éco-variantes systématiques » serait « plus efficace » que la création d’une filière à responsabilité élargie sur les déchets du BTP. Sur le levier de la demande, Jean-Marc Boursier lui fait écho : « Suez va construire des usines de recyclage car il y aura des clients pour le
plastique recyclé », assure son directeur général adjoint. L’Union européenne est en passe d’adopter une obligation d’intégration de 35 % de matière recyclée dans les bouteilles en plastique en 2025.

1 : Association française des entreprises privées, Collège des directeurs du développement durable, Entreprises pour l’environnement, France Industrie, Institut national de l’économie circulaire, Orée.
Crédit : EpE
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