Bien qu’ils soient recyclables, les emballages en carton ne sont pas la solution la plus optimale pour l’environnement, explique dans cette tribune Charlotte Weitig, responsable lancements et projets clients chez LivingPackets.
Si des alternatives aux emballages plastiques ont vu le jour ces dernières années, il convient d’être prudent lorsque nous parlons de l’impact environnemental de leur cycle de vie. Certains matériaux, comme le carton, ont une image de solution écologique. Et pourtant d’autres approches, comme la réutilisation de matériaux plastiques, s’avèrent plus durables que le recyclage de matériaux dits écologiques.
Le recyclage ne justifie pas la surconsommation
Le carton est un matériau très présent dans nos emballages et souvent perçu comme une solution au faible impact sur l’environnement. Une impression qui peut s’avérer trompeuse. Bien que d’origine naturelle, le carton est utilisé dans de nombreux emballages à usage unique. Par conséquent, les poubelles de tri n’ont jamais été aussi remplies. Une nouvelle qui pourrait être réjouissante, à condition que ces déchets soient effectivement recyclables, et recyclés.
En France, près de 4,5 millions de tonnes de cartons sont jetés chaque année dont seulement un tiers est recyclé sur le territoire. Le reste est enfoui, incinéré, ou exporté vers d’autres pays. La demande croissante en carton neuf exerce aussi une pression sur les ressources forestières, menaçant des écosystèmes et la biodiversité. D’après Canopy, environ 3,1 milliards d’arbres sont abattus chaque année pour produire des emballages papier tels que des boîtes de livraison, des étiquettes et des boîtes à chaussures.
Miser sur une nouvelle gestion des ressources
Des alternatives prometteuses émergent pour proposer des emballages plus viables et durables à travers le réemploi. Rien que pour les entreprises, le réemploi de carton permet d’éviter l’émission d’une tonne de CO2 par tonne de matériau réutilisé, représentant une réduction des émissions de 90 % par rapport au recyclage.
Plus efficace que le réemploi du carton, la réutilisation de matériaux robustes. Certains secteurs ont déjà fait le choix de cette stratégie permettant de réduire davantage leur empreinte environnementale liée aux emballages. Des boulangeries adoptent des caisses réutilisables pour leurs livraisons, tandis que l’industrie du déménagement propose désormais des caisses en location. Cette approche s’étend également au commerce alimentaire, où la vente en vrac gagne du terrain, permettant une réduction significative des emballages en plastique et en papier-carton.
De consommateur à consomm’acteur Le modèle de consommation "produire-consommer-jeter" se heurte désormais aux impératifs de développement durable. L’utilisation d’emballages à usage unique n’est plus viable face à la raréfaction des ressources naturelles et à l’urgence environnementale. Il est nécessaire de modifier les modes de consommation pour favoriser une économie circulaire plutôt que linéaire, en encourageant la réutilisation et la valorisation des matériaux. Selon une étude de Léko, 73 % des consommateurs perçoivent l’impact environnemental des emballages comme important à très important. Ils sont près de 88 % à avoir pratiqué le réemploi de leurs emballages.
Nous devons passer du statut de simple consommateur à celui de consomm’acteur au travers de choix éclairés. En soutenant les entreprises qui adoptent des pratiques durables et en adoptant de petits gestes au quotidien : trier ses déchets, aller à la boulangerie avec son sac à pain, au supermarché avec son sac de course, se déplacer avec sa gourde, son kit de couverts, privilégier les commerces locaux, acheter de la seconde main, etc.
Comme le disait Murray Gell Mann, prix Nobel de physique, “La durabilité, c’est vivre des revenus de la nature plutôt que de vivre de son capital.” Il est impératif de mettre un terme à l’hyperconsommation et à l’économie du tout-jetable. Le réemploi des emballages émerge comme une solution concrète et efficace pour atténuer notre impact sur l’environnement. Il est temps de faire de cette pratique la norme.