Le projet qui doit permettre d'offrir une nouvelle vie à l'usine de production d'eau d'Ivry-sur-Seine, dans le Val-de-Marne, a pris forme. En effet, il y a déjà un an, Eau de Paris (EDP) avait annoncé l'arrêt de l'activité de ce site, du fait d'une surcapacité de production. En cause, la baisse régulière des consommations d'eau des Parisiens qui est de 1 % par an depuis 1990.
Deux projets avaient alors été imaginés par les élus parisiens et leur régie de l'eau. Le premier consiste à accueillir le nouveau laboratoire d'Eau de Paris. Inauguré le 11 mai 2011, il regroupe les trois laboratoires d'analyse d'EDP situés à Orly, Joinville et Ivry-sur-Seine, ainsi que les chercheurs de l'ancien Crecep. Coût de l'opération : 3,5 millions d'euros. Ses missions sont classiques : autosurveillance et contrôle de la qualité de l'eau, mais aussi travaux de recherche sur la corrosion des matériaux, sur les polluants émergents (présents dans la réglementation ou à venir), les virus et bactéries, optimisation des procédés d'EDP, etc.
UNE NOUVELLE PLATE-FORME DE TEST
Ce site de neuf hectares accueille également un deuxième projet porté par la Ville de Paris qui concerne la création d'une plate-forme scientifique et technique sur l'eau : Aqua Futura. Elle a pour ambition de développer les écotechnologies en Île-de-France, en faisant collaborer le monde de la recherche publique avec des PME et start-up innovantes. « En France, il y a un véritable manque de plates-formes de test sur l'eau », souligne à juste titre la PDG d'EDP et adjointe au maire de Paris chargée de l'eau et de l'assainissement, Anne Le Strat, qui ne cache pas qu'elle ne souhaite pas la présence des grandes entreprises françaises de l'eau. Un choix politique qui présente le risque de compromettre le développement de ces jeunes pousses - pour qui Veolia Environnement et Suez Environnement sont des futurs clients très importants - ou celui de la plate-forme, mais un choix qui est clairement assumé.
Si le laboratoire municipal d'EDP fonctionne déjà, Aqua Futura en est encore à ses débuts. Un comité scientifique a été constitué le 14 mars. Hormis Grégory Lemkine, de la société Watchfrog et qui représente le cluster Durapole, tous ses membres sont issus de la sphère publique : universités et écoles (université Pierre-et-Marie-Curie, université Paris-Diderot, Pôle de recherche et d'enseignement supérieur de l'université Paris-Est, École supérieure de physique et de chimie industrielle, École des ingénieurs de la Ville de Paris), Cemagref, Eau de Paris, Ville de Paris. Un comité des partenaires a aussi été constitué le 11 mai.
TRENTE BASSINS RECONVERTIS
Une activité de formation va par ailleurs être développée sur ce site ; elle débutera en février 2012, avec l'arrivée de 800 étudiants par an de l'université Pierre-et-Marie-Curie. Et début 2013, les travaux de reconversion des trente bassins de filtration de l'usine ainsi que des bâtiments tertiaires et halles industrielles devraient être finis. Ces bassins pourront alors être loués à différents intervenants (équipes de recherche publiques ou privées, PME, start-up) pour des durées variables afin de servir de tests ou de vitrine technologique.