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L'écoquartier réinvente les réseaux

PUBLIÉ LE 1er OCTOBRE 2011
LA RÉDACTION
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1. DIMENSIONNER SON RÉSEAU DE CHALEUR Dans les écoquartiers plus qu'ailleurs, le dimensionnement et l'alimentation du réseaude chauffage urbain sont à étudier avec attention. Écoquartiers ou non, les réseaux de chaleur connaissent une seconde jeunesse. Les incitations sont désormais nombreuses : étude de faisabilité obligatoire pour toute opération d'aménagement, subventions du Fonds chaleur, TVA à 5,5 % pour les plus énergétiquement vertueux, consommations maximales des bâtiments modulées en fonction du contenu carbone de leur approvisionnement. « Même si l'analyse doit être menée au cas par cas, le chauffage urbain est souvent la solution la plus pertinente », estime Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce. « Il est souvent intéressant de se raccorder à un réseau existant, en considérant bien sûr la distance et la densité du projet d'écoquartier », ajoute Samuel Labolle, du bureau d'ingénierie thermique Energico. Illustration à Chelles (77), qui a décidé de prolonger son réseau géothermique jusqu'au futur quartier durable Castermant, qui comblera 5 hectares de friches industrielles en 2016. Ou encore à Grenoble : « Pour prolonger notre réseau jusqu'à la Zac de l'Esplanade, il aurait fallu traverser l'Isère. Sur l'autre rive, en revanche, le quartier durable de la Presqu'île scientifique y sera raccordé. Nous étudions la possibilité de créer un réseau thermique intelligent intégrant notamment le réseau de chaleur, une boucle d'eau tiède géothermique réversible et un système de récupération des calories des effluents des centres de recherche du site. À terme, nous envisageons de faire passer le réseau de chaleur, qui produit trop l'été, à basse température », détaille Laurent Gaillard, directeur de l'urbanisme. Dans le cas d'une création ex-nihilo, l'aménageur se doit d'examiner les différentes sources d'énergie disponibles localement et d'apprécier la manière dont elles peuvent s'intégrer dans l'écoquartier, via le réseau de chaleur. Le tout, en s'appuyant sur un bureau d'études spécialisé, indépendant des grands groupes énergétiques. « Il faut adapter l'aménagement au réseau à venir et non le contraire. Le quartier doit être dense et s'organiser autour de la source de chaleur pour diminuer la longueur des canalisations et donc l'investissement. On peut également utiliser des réseaux "surisolés" ou faire passer en partie les tuyaux dans les sous-sols ou les vides sanitaires des bâtiments. Pour baisser la consommation d'électricité, on peut recourir à des pompes à débit variable et remplacer les traditionnelles vannes trois voies par des hydroéjecteurs, qui évitent l'usage de pompes à chaque sous-station. Tout nouveau réseau doit enfin être alimenté à plus de 50 % par des énergies renouvelables ou fatales pour profiter du taux de TVA réduit », énumère Samuel Labolle. Pour atteindre ce seuil fatidique, quatre principales sources : le bois, d'abord, le solaire thermique, qui présente un potentiel intéressant (lire encadré p. 39), la géothermie, principalement en Île-de-France, et les énergies fatales (incinération, méthanisation, récupération de chaleur...). À Nanterre, l'établissement d'aménagement de la Défense-Seine-Arche ( Epadesa) a choisi le bois couplé au gaz pour alimenter en chauffage et en eau chaude les 600 logements du futur écoquartier Hoche. Récemment mise en service, la chaufferie couvre déjà les besoins des 273 logements sociaux de la cité Komarov toute proche. Brétigny-sur-Orge a également opté pour le bois dans son nouveau quartier urbain du Clause-Bois-Badeau, dont les premiers des 2 400 logements ont été livrés le mois dernier. « Nous nous approvisionnerons à 80 % en plaquettes forestières produites à partir de bois d'élagage par le groupe Semardel à Vert-le-Grand, à dix kilomètres d'ici. Le complément sera assuré par des granulés du Loiret et par un appoint de fioul. Nous avons signé une délégation de service public avec Cofely. La livraison progressive des constructions en a compliqué le montage », expose Charly Guillard, responsable de l'aménagement et de l'urbanisme. Une vraie difficulté pour les collectivités, qui ne veulent légitimement pas faire supporter aux premiers habitants les lourds investissements consentis. « L'aménageur peut demander aux promoteurs immobiliers de participer au financement », suggère Messaoud Benfaid, directeur collectivités publiques chez Dalkia France. La présence d'un réseau peu carboné abaisse en effet les coûts de construction (pas d'installation de production de chaleur et réglementation thermique assouplie). Mais cela ne suffit pas. Notamment grâce au Fonds chaleur, la collectivité ou son délégataire peuvent accepter d'être déficitaires les premières années, recourir à des solutions d'alimentation transitoires (chaudière mobile...), et doivent surtout coordonner et respecter les calendriers des différentes opérations. Il est envisageable de surdimensionner le réseau si les différentes phases d'aménagement s'enchaînent rapidement. Mais mieux vaut prévoir un réseau à plusieurs branches principales, au lieu d'une classiquement, et l'évolution de la puissance de la source de chaleur. Pour le futur réseau de l'écoquartier des Docks, Saint-Ouen (93) a ainsi prévu de développer plusieurs boucles, secteur par secteur. « Nous avons opté pour un réseau car les besoins en chauffage et en eau chaude seront importants, la forte densité du quartier compensant la sobriété des constructions. L'incinérateur de la ville alimente le réseau parisien de la CPCU ainsi que quelques équipements ici. Le nôtre tirera sa chaleur d'une source géothermique et de l'important réseau d'assainissement qui traverse le site. Il couvrira 60 % des besoins de cet écoquartier de 100 hectares », décrit Bertille Bourdellon, chef de projet à Séquano Aménagement. Une situation qui pourrait pousser la ville à étendre ce réseau, l'écoquartier jouant alors vraiment son rôle de laboratoire. 2. RÉINVENTER LA MOBILITÉ Les aménageurs d'écoquartiers mêlent recettes connues et nouveaux concepts pour favoriser les réseaux de déplacement alternatifs par rapport à la voiture individuelle. « No parking, no business ! », rabâchent encore certains promoteurs immobiliers. Dans les écoquartiers pourtant, la tendance est d'éloigner les lieux de stationnement des bâtiments. Objectif : favoriser les réseaux de déplacements alternatifs à la sacro-sainte automobile. La démarche est assez récente en France, mais des « recettes » émergent. Préalable évident : une desserte par un axe de transports en commun structurant, performant et favorisant l'intermodalité, qui profite autant à l'écoquartier qu'au reste du territoire. D'Angers à Cognin (73), de Strasbourg au Pays de Rennes, des stratégies similaires sont ensuite imaginées : un quartier sans circulation de transit, où les modes doux sont largement privilégiés (cheminements directs, stationnements vélo sécurisés, zones 30 ou de rencontre...), des parkings enterrés regroupés à l'entrée du site, l'accès à des systèmes de vélos en libre-service (VLS), d'autopartage... Les promoteurs sont souvent mis à contribution par l'intermédiaire du cahier des charges de cession des terrains. Saint-Ouen exige ainsi une place de parking à vélos par logement et deux pour 2 500 m² de locaux d'activités dans son écoquartier des Docks. Dans le quartier Danube, Strasbourg veut surdimensionner ascenseurs et coursives pour permettre aux habitants de monter leur vélo dans les étages. Mieux, dans l'écoquartier de Villeneuve, à Cognin (73), les promoteurs fourniront un vélo par logement. Dans la « ville nouvelle » de Beauséjour à Sainte-Marie (Réunion), ils seront même électriques ! « Nous expérimentons cette idée pour les premiers logements du parc privé de la Zac que nous livrerons à la fin de l'année », indique Jean-Jacques Ballester, DGA de la branche immobilier de l'aménageur et promoteur CBo Territoria. « La mobilité est typiquement une question qu'on ne peut pas traiter uniquement à l'échelle d'un écoquartier. Leurs habitants n'échappent pas au mouvement de fond d'explosion des déplacements », considère toutefois Taoufik Souami, maître de conférences à l'Institut français d'urbanisme. Strasbourg, Saint-Ouen (93) ou Grenoble l'ont bien compris. Elles réfléchissent à un système de « Pass Mobilité », support unique qui permet de payer et d'accéder à un ensemble complet d'informations et de services à la mobilité, du stationnement aux transports en commun, en passant par la voiture ou le vélo partagé, les véhicules électriques, etc. Le tout accessible en ligne, mais aussi dans un lieu d'accueil physique. « Nous devons proposer un service plus performant que ce qu'offre la voiture individuelle. Fin 2014, nous livrerons à l'entrée de l'écoquartier de la Presqu'île un premier espace de mobilité. Un bâtiment avec boutiques, accueil et services au rez-de-chaussée et parking classique et véhicules électriques en libre-service aux étages », décrit Laurent Gaillard, directeur de l'urbanisme à Grenoble. Dans la catégorie Pass Mobilité, la palme revient cependant à la communauté urbaine de Strasbourg. « Une boutique mobilité pilote sera construite au coeur du quartier Danube, qui ne comptera qu'une place de stationnement pour deux logements. Sur place : une offre globale de déplacement, la possibilité par exemple de faire réparer son vélo, mais aussi des services type conciergerie, afin d'en faire un lieu de vie du quartier. Nous voulons proposer et faire connaître le service dès la commercialisation du quartier, prévue en 2013. Pour gagner ce pari, il nous faudra aussi contraindre davantage le stationnement dans les zones voisines. La généralisation du dispositif à toute l'agglomération est envisagée », détaille Stéphanie Strasser, chef des projets urbains. Dans la capitale alsacienne comme à Saint-Ouen, on travaille également sur le principe du foisonnement, c'est-à-dire de la complémentarité dans le temps des différents usages de stationnement (salariés, résidents, visiteurs...). « C'est dans la tête de tout le monde, mais ce n'est pas simple à mettre en place », reconnaît Bertille Bourdellon, chef de projet pour l'aménagement du quartier des Docks. Autre piste envisagée par Strasbourg : remplacer la place de parking traditionnellement vendue avec un appartement par un abonnement de cinq ans au Pass Mobilité. 3. CHOISIR LE MODE DE COLLECTE DES DÉCHETS La collecte par réseau pneumatique a séduit quelques aménageurs en Île-de-France, mais n'est pas la seule solution pour limiter les nuisances de la collecte. Adieu la bruyante et odorante valse des camions-poubelles au petit matin ? Finis les bacs qui débordent sur les trottoirs ? Après des débuts difficiles en France mais quelque sept cents références dans le monde, la collecte pneumatique des ordures ménagères se fraye une petite place en région parisienne. Le système, qui consiste à propulser les déchets (hormis le verre) déposés dans des bornes vers un terminal de collecte, est en cours d'installation à Romainville et aux Lilas (93). Il est également dans les tuyaux de plusieurs communes pour leurs écoquartiers : Vitry-sur-Seine (94), Issy-les-Moulineaux (92), Saint-Ouen (93) ou les Batignolles, à Paris. Ces nouveaux réseaux dans le paysage hexagonal constituent-ils la solution la plus performante pour réduire les nuisances de la collecte et embellir les espaces publics ? De nombreuses collectivités préfèrent en tout cas miser sur d'autres systèmes alternatifs (chevaux, bennes électriques...), l'optimisation des tournées, l'apport volontaire en conteneurs enterrés, le compostage... Remarquons au passage que la société aixoise Setecom qui proposait un système d'évacuation par le réseau d'assainissement, a priori moins coûteux et moins gourmand en électricité que la collecte pneumatique, a dû fermer boutique... « Nous avions envisagé d'installer des conteneurs enterrés pour limiter le passage des bennes dans le quartier des Docks de Saint-Ouen. La collecte pneumatique a eu la faveur des élus, du fait de la présence de l'incinérateur tout proche où les ordures seront directement reversées. Nous lançons cet automne un marché de conception-réalisation », explique Bertille Bourdellon, chef de projet à Séquano Aménagement. Le système d'Issy-les-Moulineaux (lire encadré ci-dessous) alimentera de la même manière le centre de traitement Isséane. La ville de Vitry-sur-Seine a, elle, signé cet été avec la paire Sita- Ros Roca. L'investissement élevé, 25 millions d'euros, a fait grincer quelques dents au conseil municipal... « Je ne suis pas sûr que ces systèmes sont si écologiques que ça. Ils nécessitent une infrastructure très lourde pour des avantages limités. J'attends des exemples convaincants », réagit Jean-Marie Bernard, à la Fédération des entreprises publiques locales (EPL), qui a publié un guide sur les écoquartiers en juin. La toile fourmille en tout cas de critiques sévères sur le coût de la collecte pneumatique, ses consommations électriques élevées et ses effets démobilisateurs sur la prévention ou le tri. Dans ses différents projets d'écoquartiers, Strasbourg préfère optimiser les tournées et expérimenter le compostage collectif. « C'est la piste la plus prometteuse pour réduire les volumes, puisqu'on peut espérer une baisse de 10 à 20 %. Nous prolongeons par ailleurs dans nos écoquartiers une politique globale de sensibilisation au tri et de mutualisation des locaux de collecte à l'échelle de l'îlot », précise Florian Venant, chargé d'études. « Les boucles de collecte, les accès et les retournements des véhicules doivent être optimisés en considérant l'ensemble des flux du quartier, dès la conception du projet. Le dimensionnement des conteneurs joue un rôle également important pour éviter des passages répétés et donc coûteux. Le renouvellement du matériel roulant est aussi une source potentielle d'économies et de réduction des nuisances », complète sa responsable Stéphanie Strasser. Une politique de sensibilisation au tri et à la réduction couplée à la mise en place de conteneurs enterrés en apport volontaire, que mènent aussi, par exemple, Rennes Métropole à La Courouze ou Grenoble, constitue un compromis robuste entre systèmes classiques et pneumatiques. « Les réseaux pneumatiques peuvent améliorer la qualité paysagère ou la salubrité des quartiers. Une solution séduisante, mais onéreuse, qui doit faire l'objet d'une évaluation coûts-bénéfices rigoureuse. En matière de déchets, il reste beaucoup de choses intelligentes à inventer dans les écoquartiers. Le véritable quartier exemplaire ne serait-il pas plutôt celui dont les habitants trient bien, qui abrite une ressourcerie, où sont expérimentés de nouveaux modes de consommation et de réutilisation, et où le mobilier urbain est en matériaux recyclés ou en bois... ? » s'interroge Nicolas Garnier, délégué général de l'association Amorce.
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