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EAU

Les techniques qui dopent le rendement

PUBLIÉ LE 1er NOVEMBRE 2011
LA RÉDACTION
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Le magazine des professionnels de l’eau et de l’assainissement.
La loi Grenelle 2 du 12 juillet 2010 a introduit, dans son article 161, la réalisation d'un descriptif détaillé des réseaux d'eau potable et d'assainissement avant la fin de l'année 2013. Les collectivités locales ont aussi l'obligation d'améliorer le rendement des réseaux d'eau potable. Dans l'avant-projet du décret qui traduira bientôt ces deux points, il est fixé à 85 % pour les grandes villes et à 70 % pour les communes rurales. Les services compétents devront prévoir un plan d'actions en cas de dépassement du taux de perte en eau du réseau, dans un délai de trois ans. À défaut, ils verront le taux de la redevance pour le prélèvement sur la ressource en eau doublé. DANS UNE LOGIQUE DE GESTION C'est au cours de l'élaboration de leur dixième programme sur 2013-2018 que les agences de l'eau fixeront les modalités d'aides pour subventionner les travaux, mais aussi pour définir les sanctions auprès des collectivités réfractaires. La publication du décret est prévue avant la fin 2011. « L'objectif n'est pas de sanctionner les collectivités, mais de les mettre sur le bon chemin », insiste Jean-Pierre Rideau, adjoint au sous-directeur à la Direction de l'eau du ministère de l'Écologie. En France, le réseau d'alimentation en eau potable est mature et atteint près de 99 % de desserte. « Nous sommes donc dans une logique de gestion de patrimoine et non de création de nouveaux réseaux ; les plans d'action devront être établis en priorité pour les services ayant les pertes les plus importantes », ajoute-t-il. Pour la Fédération nationale des collectivités concédantes et régies ( FNCCR), ce décret ne va pas engendrer une vague de nouveaux programmes pour la recherche des fuites. « La majorité des collectivités ont déjà engagé des travaux. Ce texte permettra de motiver celles peu attentives, et d'estimer leur nombre », considère Michel Desmars, chef du département Eau et assainissement. Selon lui, le décret est construit de sorte qu'il reste réalisable par les collectivités. Peu de communes s'éloignent des exigences dictées par la loi. Si le rendement est une indication de l'évolution de la qualité d'un réseau dans le temps, il n'est pas suffisant pour apprécier avec justesse l'état d'un réseau. Il faut aussi se référer à l'indice linéaire de pertes (IPL), une mesure des pertes par kilomètre de réseau souvent plus importante sur les territoires les plus peuplés. Mais la Fédération s'inquiète pour les petites collectivités, dont les réseaux sont souvent très étendus pour un faible taux d'abonnés. « Les coûts à supporter pour ces communes seront lourds, et cela peut poser la question du maintien du service public dans le milieu rural », avertit Michel Desmars. À chaque collectivité correspond donc une gestion patrimoniale spécifique. En amont d'une gestion préventive axée sur le renouvellement, il est financièrement intéressant de développer le volet curatif reposant sur la recherche active de fuite avant réparation. Dans ce domaine, une panoplie de stratégies existe, au travers de la sectorisation du réseau puis de la détection de fuites proprement dite. DIAGNOSTIC DE L'ÉTAT DU RÉSEAU La sectorisation oriente la recherche de fuites, en divisant le réseau d'eau potable en tronçons hydrauliques homogènes. L'étude des différents secteurs permet d'établir un diagnostic de l'état du réseau. Les volumes d'eau en entrée et sortie peuvent être mesurés par des débitmètres ou des compteurs. Les débitmètres sont fixés sur la canalisation (débitmètre à insertion et débitmètre à temps de transit) ou au niveau des pompages et des usines de traitement (débitmètre à manchette). Les fabricants sont nombreux : ABB, Emerson Process, Hydreka, Kobold, Krohne, Siemens, Tecfluid, Yokogawa... Les compteurs sont quant à eux installés au niveau des réservoirs, des antennes de distribution ou chez les particuliers. SECTORISATION ET TÉLÉRELÈVE La plupart des compteurs mécaniques disposent d'un système de tête émettrice qui délivre une information proportionnelle au débit sous forme d'impulsion. Ces informations peuvent être stockées dans un enregistreur de données et relevées à distance : c'est la télérelève. La sectorisation est une porte d'entrée puisqu'elle peut s'appuyer sur un parc de compteurs existant, celui des abonnés. Mais il faut s'assurer du bon aspect métrologique des appareils et du remplacement des compteurs défectueux. Débitmètres et compteurs peuvent être installés de façon temporaire, le temps d'une campagne. Lorsqu'ils sont installés en poste fixe et que les données sont transmises à un poste central de supervision, on parle de sectorisation permanente. Le fabricant de solutions de télégestion Lacroix Sofrel a, par exemple, développé le Sofrel LS, un poste local de sectorisation logeable en regard qui acquiert régulièrement les index de comptage, les mémorise et transmet les données afin d'offrir à l'exploitant une vision immédiate du comportement du réseau. Les fabricants de compteur d'eau ont aussi développé des gammes de compteurs équipés de télérelève « clés en main », les compteurs Altaïr et Aquila de Sappel, la gamme Sensus Scout de Sensus Metering Systems, la technologie Wavenis de Coronis Systems, la technologie Cyble d'Actaris (lire Hydroplus n° 178, p. 28). AFFINER LA RECHERCHE Avec ou sans sectorisation en amont, la prélocalisation permet une détection plus locale des fuites. Cette méthode consiste à réaliser des écoutes sur tous les points d'accès au réseau de la zone définie. La première solution consiste en la combinaison d'un amplificateur acoustique et de l'oreille exercée du chercheur de fuite permettant de valider ou non la présence d'un bruit de fuite. Cette écoute au sol peut être réalisée à l'aide d'une tige mécanique ou d'un amplificateur électro-acoustique de type digital ou analogique. Son efficacité dépend alors en grande partie du facteur humain : de l'expérimentation et de l'oreille affinée de l'opérateur. Mais on peut également recourir à des enregistreurs de bruit. Ces capteurs acoustiques enregistrent les bruits du réseau d'eau potable pendant la période nocturne. Ils apportent une qualité d'écoute souvent supérieure à l'oreille humaine et permettent de confirmer la présence d'une fuite à proximité de leur lieu d'installation. Enfin, pour une localisation plus fine de la fuite, la corrélation acoustique s'impose. Cette technique correspond en effet à l'ultime phase avant la réparation. Elle utilise des corrélateurs qui détectent le bruit de fuite à l'aide de deux capteurs en contact avec la conduite. Ses résultats sont bons sur les canalisations métalliques, mais sur les plastiques, les bruits parasites sont prépondérants par rapport au signal de fuite. Prélocalisation ou corrélation acoustique ( Hydreka, Neotek, Primayer, Sewerin...), les fabricants d'équipements sont souvent les mêmes. BAISSE NOTABLE DU COÛT La baisse notable du coût des appareils a largement contribué à orienter le choix des techniques. Sewerin, par exemple, en est à la quatrième génération de capteurs acoustiques de prélocalisation avec possibilité de communication radio plus rapide. « Nos appareils coûtent aujourd'hui deux fois moins cher qu'il y a quelques années, parce qu'ils sont commercialisés en plus grand nombre », explique Maxime Kieffer, responsable commercial chez Sewerin. Les équipes commerciales des fabricants s'agrandissent. « Depuis cinq ans, nous proposons des stages de formation pour la recherche de fuites en interne et à nos clients. Toutes nos sessions sont pleines, on tourne à plein régime », se réjouit-il. PRÉLOCALISATION PERMANENTE Chez Primayer, la tendance est à la prélocalisation acoustique à poste fixe dite aussi permanente. « Complémentaire de la sectorisation, ce matériel est souvent vendu aux collectivités lors des renouvellements de contrats », fait remarquer Stéphane Paire, chef des ventes chez Primayer. « Ce sont généralement les délégataires qui préconisent ces solutions dans le sens de la performance et donc du Grenelle », précise Maxime Kieffer. Cette quête de la performance n'est pas l'apanage du privé ; les collectivités savent elles aussi imposer leurs exigences. Suite à la baisse du rendement de son réseau en 2007, la communauté urbaine de Bordeaux (CUB) a par exemple mis en place un plan d'actions avec Lyonnaise des eaux accompagné d'un système de bonus-malus, calculé en fonction des résultats du délégataire sur les pertes en eau du réseau. CHOISIR LE MODE COMMUNICANT Lors de la mise en place d'appareils à poste fixe, la collectivité doit aussi faire le choix dans le mode de communication des données. Pour ces installations à poste fixe, deux technologies s'opposent : GSM ou radio. Chez Primayer, le GSM se place en haut des ventes. « L'avantage est qu'il peut être installé sur n'importe quel site, puisqu'aujourd'hui la France entière est couverte par les opérateurs de téléphonie mobile », rappelle le responsable de la société. Son inconvénient réside dans l'achat d'une carte SIM. La radio ne nécessite a contrario qu'un seul abonnement mais son installation est alourdie par la mise en place de répétiteurs. « L'an prochain, devrait sortir une norme sur les outils radio. Cela devrait inverser la tendance des ventes sur le marché d'ici deux à trois ans. Et c'est un plus, car les nouveaux modules radio s'adapteront à tous les systèmes de détection du marché », reconnaît-il.« Toutes les techniques de recherche de fuite ont bénéficié des nouveaux modes de communication, juge Philippe Jolivet, directeur d'Hydreka, qui note malgré tout la même tendance lourde à la prélocalisation permanente. Les instruments ont aussi évolué vers une plus grande autonomie. Nos prélocalisateurs ont une durée d'autonomie de cinq ans. Nos sondes Hydris pour la mesure du débit, de trois jusqu'à dix ans selon le type d'utilisation. » Le choix des technologies ne dépend pas de la taille de la collectivité ; il dépend surtout de la structure des réseaux. « Si le réseau est très maillé, la sectorisation devient moins efficace que le choix d'un prélocalisateur à poste fixe par exemple », illustre Stéphane Paire. « Nous comptons des clients des petites collectivités qui sont très bien équipées. Et parmi les plus grandes collectivités françaises, j'en connais qui fonctionnent encore uniquement à la recherche acoustique », ajoute Maxime Kieffer. Si la baisse du coût des technologies peut faciliter l'investissement en recherche de fuite, le choix est aussi intimement lié au coût de revient de l'eau. « Certaines petites collectivités qui n'ont pas de sites de production, achètent de l'eau ailleurs, à des sociétés privées. Du coup, elles sont mobilisées à investir dans de la détection de fuite », commente Maxime Kieffer. L'ÉVOLUTION DANS LES COMMUNES Les motivations peuvent aussi être plus politiques. Le responsable commercial de Sewerin se souvient : « J'ai vu des petites communes de gauche investir dans du matériel de dernière génération pour mettre la pression à la commune de droite voisine de grande taille. » Mais que disent les maîtres d'ouvrage de l'avancée de ces technologies ? En Saône-et-Loire, le Sivom de Saint-Rémy (15 500 abonnés sur quatre communes, un réseau de 150 kilomètres) a su faire évoluer ses outils dans le temps. La mise en place de recherche de fuites s'est étalée de 1994 à 2009. « Nous avons commencé par l'achat d'un corrélateur acoustique sur la base de recherche sélective, puis nous avons approfondi la démarche en embauchant un technicien sur cette mission », raconte François Boissier, directeur du service technique du Sivom. En 2001, le Sivom a fait l'acquisition d'un prélocalisateur mobile, en 2007, d'un prélocalisateur fixe avec système de communication par GSM. « Le choix de l'enregistreur de bruit pour la prélocalisation nous a semblé la solution la plus aboutie », considère le responsable. DES ÉQUIPES REMOTIVÉES Pour le choix du mode de communication, le syndicat a opté pour le mode GSM, car il considère la télérelève radio trop contraignante sur un territoire étendu comme le sien. « Pour faire une bonne chasse aux fuites, tout dépend de la volonté des communes ou de leur groupement », considère François Boisserie. Dans le cas du Sivom, l'eau est produite en prestation de service par Lyonnaise des eaux : « Vu son coût de traitement, ça valait le coup d'investir sur le réseau. » À une autre échelle, la ville de Mulhouse s'est engagée dans une campagne de recherche depuis 1985. À ce jour, la collectivité compte deux agents à plein-temps pour surveiller ses 830 kilomètres de réseau grâce à deux appareils d'écoute au sol, trois corrélateurs acoustiques dont un numérique et douze prélocalisateurs mobiles dont quatre modules de pression. Depuis deux ans, elle a choisi la prélocalisation permanente pour optimiser sa démarche. « La décision s'est faite sur la sensibilité à l'écoute et surtout sur la partie logiciel et sa facilité d'utilisation », se souvient Denis Parmentier, responsable du réseau de distribution de la ville de Mulhouse. « Avec la sectorisation, on n'était jamais sûr de l'endroit exact de la fuite, et encore moins du fait qu'une semaine après, il n'y en ait pas de nouvelle ». Pour cette opération, 435 000 euros HT ont été investis sur un parc de 579 capteurs à poste fixe. « Nous estimons un amortissement des appareils sur huit ans ». À cela, viennent s'ajouter les coûts de fonctionnement : l'abonnement, la communication et l'échange de piles, soit un total de 40 900 euros HT par an. « C'est cher, mais si l'on tient compte des économies réalisées sur le volume d'eau produit - près de 75 000 m3/an avec une amélioration de rendement de 0,5 % par an - les coûts sont rapidement amortis ». Un autre facteur important a pesé sur son choix, la volonté de regagner la motivation des agents de terrain qui peinent parfois à découvrir de nouvelles fuites. « Leurs interventions sont plus efficaces. Elles se limitent aux endroits où un problème a été clairement identifié », juge le responsable. Mulhouse atteint aujourd'hui un rendement de 80 %. Une phase d'équipement de radiorelève des compteurs est en cours, avec des perspectives d'amélioration de rendement. « C'est indéniable, nous trouvons aujourd'hui plus de fuites. Mais de nouveaux problèmes se posent, notamment sur les moyens dégagés pour les réparer », conclut Denis Parmentier.
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