Hydroplus : À l'occasion du Forum mondial de l'eau, vous aviez publié avec l'association Entreprises pour l'environnement une étude sur l'entreprise et l'eau. Cette ressource est-elle stratégique pour les entreprises ? Souad El Ouazzani : L'eau n'est pas disponible partout en quantité et en qualité. Ce constat fait peser sur les entreprises trois types de risques. Sur l'approvisionnement, car les conflits d'usage ne pourront que s'aggraver avec l'accroissement des besoins et le réchauffement climatique. Risques réglementaires ensuite, avec le développement de politiques de plus en plus restrictives sur les prélèvements et les rejets et, enfin, risques de réputation. H. : En ont-elles réellement pris conscience ? S.O. – Parmi les 68 entreprises étudiées, 28 ont identifié un type de risque et 2 seulement les trois. Cependant, 65 ont pris des initiatives ponctuelles, 38 ont formalisé des objectifs chiffrés et 8 ont adopté une démarche structurée spécifique. Parmi elles, de grands noms comme Danone, Renault et Pernod Ricard. C'est d'autant plus important que les potentiels de croissance économique sont situés dans des zones de stress hydrique. H. : Quelles recommandations faites-vous aux entreprises ? S.O. : Il est déjà indispensable d'instaurer un dialogue pérenne avec les parties prenantes. Ensuite, elles doivent dresser une cartographie dynamique de leurs risques, évaluer leur empreinte eau et parvenir à une analyse du coût global de la ressource. Le seul frein, c'est l'absence de référentiel international sur l'empreinte eau. Les entreprises disposent de plusieurs outils de mesure, Water sustai-nability tool (GEMI), Water footprint (WFN) et Global water tool (WBCSD), mais cela complique leur approche. Elles attendent donc la publication de la norme Iso 14046 sur le WFN, prévue en 2014. Contact ? Deloitte, selouazzani@deloitte.fr