Pour la première fois, un rapport accablant de la Cour des comptes, publié le 5 juillet dernier, avance des chiffres sur la gestion des inondations : 457 millions d'euros de dépenses publiques pour Xynthia et 201 millions pour les inondations du Var. Plus d'un milliard d'euros ont, par ailleurs, été dégagés par les compagnies d'assurances. La Cour critique la précipitation avec laquelle a été lancée l'opération de rachat par l'État de maisons situées en zone sinistrée. « Il y a eu des dépenses inutiles et des effets d'aubaine », déplorent les magistrats. Moins original, son rapport pointe les lacunes en matière de prévention des risques sur le littoral concerné. Pour Didier Migaud, premier président de la Cour des comptes, « Il domine une soif de construire, toujours encouragée par les promoteurs et soutenue par les élus, et ce malgré ces deux catastrophes ». À l'appui, le rapport fournit de nombreux cas de pratiques à la limite de la réglementation en matière d'urbanisme ou de respect de la loi sur l'eau, qui conduisent à exposer la population à d'évidents dangers. Les dispositifs visant à informer la population restent incomplets, eux aussi. Dans les départements frappés par ces inondations, seule une minorité de communes étaient munies de documents d'information communaux sur les risques majeurs (Dicrim). Les plans de prévention des risques inondation (Papi), eux, sont souvent boudés par les maires. Et le recensement des digues et autres ouvrages de protection au niveau national n'est toujours pas finalisé. Quant aux aides et indemnisations versées, elles l'ont été sans cohérence d'une commune à l'autre. La Cour recommande à l'État de reprendre les choses en main et aux préfectures de réaffirmer leur rôle sur le terrain, notamment en matière de contrôle de légalité des actes d'urbanisme.