«Trois cents personnes ont manifesté le 29 juin à Pont-de-Claix, au sud de Grenoble, contre la construction de la station d'épuration », se félicite Claude Bertrand, président du syndicat intercommunal des eaux de la région grenobloise ( Sierg) qui alimente 500 000 habitants. « Notre eau ne subit aucun traitement chimique, nous voulons la protéger ». Selon lui, la qualité de l'eau captée dans la rivière Romanche pourrait se dégrader si le Syndicat d'assainissement du Canton de l'Oisans ( Saco) construisait une Step de 9 000 EH à Livet-Gavet, en amont de ses captages. « Les stations de ski qui s'y raccorderaient déversent de grosses charges d'eaux usées l'hiver, ce qui augmente le risque de dysfonctionnement de la Step et de rejets polluants dans la rivière. Nous nous opposons aussi à la construction du poste de relevage qui se situera à seulement 4 km de nos puits ! », proteste Claude Bertrand. Mais pour le président du Saco, Jean-Louis Pellorce et les maires des quatre communes concernées, il s'agit avant tout de sauvegarder des emplois. « Le permis de construire d'une résidence de tourisme sur la station de ski de l'Alpe du Grand Serre dépend de la présence d'une solution d'assainissement. Trente emplois sont en jeu », se désole-t-il.
Pour le Sierg, les eaux usées doivent être raccordées à la station d'épuration Aquapôle de 500 000 EH de Grenoble Alpes métropole (Metro). Un obstacle ? La montagne… « Car la préfecture refuse de faire passer une conduite d'eau usée dans le tunnel qui leur appartient », s'indigne Claude Bertrand. « Pour la construction du poste de relevage, il faudrait passer au-dessus de la montagne. Il y a un fort risque d'éboulement, considère Jean-Louis Pellorce. Par ailleurs, les travaux de raccordement dureraient jusqu'à 2015, alors que la Step pourrait être prête en 2013 ». Pour corser l'affaire, le maire de Gavet s'oppose lui aussi à la construction de l'usine et refuse de signer le permis de construire. « Nous avons envoyé un courrier à la préfecture pour qu'elle indique par écrit qu'elle soutient la construction de la Step. Le maire serait alors obligé de se plier », menace Jean-Louis Pellorce.
Et la réponse est tombée fin août dernier via une lettre du préfet publiée le 19 septembre dans le Dauphiné libéré. Celle-ci acte la construction de la Step de Gavet. Mais entre-temps, un nouveau préfet de l'Isère a pris ses fonctions. Cautionnera-t-il l'avis de son prédécesseur ? Indigné par cette décision, le Sierg veut croire que non. Une pétition circule, une nouvelle mobilisation citoyenne a été prévue et un rendez-vous a été fixé avec la préfecture au 12 octobre. Malgré tout, le sort de la step semble aujourd'hui scellé.