Le BRGM gère depuis 2006 les séquelles environnementales de l'activité minière française. Dans ce cadre, il a réalisé en juin dernier la validation hydraulique de la nouvelle installation de pompage et de traitement des eaux minières de l'ancienne mine de charbon Simon 5, située à Forbach, en Moselle. Un investissement de l'État de 2,5 millions d'euros qui permettra la mise en service de cette station fin 2012 ou début 2013. Les enjeux sont doubles. L'ennoyage des mines en fin d'activité peut favoriser des risques d'inondation du bâti dans les fonds de vallée et des risques de contamination de la nappe phréatique par ces eaux chargées en sulfates et oxydes de fer qui remontent progressivement. D'où la nécessité de maintenir le niveau du réservoir minier sous le niveau de la nappe phréatique par pompage et de les traiter avant un rejet au milieu naturel.
Entamés en février 2012, les travaux ont permis la création d'une station de traitement passif du fer. Les eaux minières sont envoyées sur des cascades d'oxygénation de 5 à 6 mètres de hauteur. Les ions ferreux, solubles dans l'eau, sont ainsi transformés en oxyde ferrique insoluble, à la couleur rouille caractéristique. Les effluents transitent ensuite dans deux bassins de décantation de 8 400 et 7 200 mètres cubes. Leurs sols sont protégés par plusieurs couches de matériaux : géogrilles pour renforcer les fonds de forme, lit de sable, bandes géo-drainantes et géomembranes en PEHD soudées entre elles pour une étanchéité complète. En sortie, deux lagunes d'une superficie totale de 6 700 m 2 complètent le traitement. Peu profondes, elles ont été plantées de roseaux (phragmites aus-tralis et typha latifolia) cet été. « Nous nous sommes inspirés des méthodes passives mises en œuvre avec succès par les Anglais sur leurs anciennes mines. Les plantes assurent une phytoremédiation naturelle en assimilant les hydroxydes de fer dans leurs racines. En revanche, les méthodes actives à la pouzzolane entraînent beaucoup de déchets à cause de la régénération de la roche », précise Roger Levicki, chargé du projet au BRGM. Testée à la Houve, première mine mosellane équipée de ce traitement en 2009, cette même filière a permis d'abaisser les teneurs en fer de 50 à 100 mg/l en entrée jusqu'à moins de 2 mg/l en sortie de traitement et elle agit aussi sur le manganèse présent dans ces eaux.
À Forbach, le pompage sera lancé avec un débit de 60 m 3 /h à 200 mètres de profondeur et progressivement augmenté jusqu'à 450 m 3 /h afin de stabiliser à terme la remontée de la nappe. « Nous devrions atteindre le point bas des nappes d'ici quelques mois, puis accompagner la remontée de la nappe sur au moins trois décennies », estime Roger Cosquer, directeur de l'unité territoriale après-mine Est du BRGM. En 2013, la même stratégie sera déployée sur le site de Freyming-Merlebach.