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EAU

Les PME, fers de lance de l'innovation

PUBLIÉ LE 1er DÉCEMBRE 2012
LA RÉDACTION
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Le magazine des professionnels de l’eau et de l’assainissement.
C omme monsieur Jourdain avec la prose, Mathias Welschbillig faisait de la recherche et développement sans le savoir. « C'est en discutant avec un autre entrepreneur qu'on s'en est rendu compte », raconte le cogérant de la PME Eau et industrie, créée en 1999. Depuis cette prise de conscience, elle bénéficie du statut de jeune entreprise innovante (JEI) qui lui confère certains avantages fiscaux et exonérations de cotisations sociales. Cette entreprise de 25 personnes n'est pas la seule dans ce cas. Beaucoup de petites structures ont du mal à repérer leur propre potentiel. Mais nombreuses aussi sont celles qui voient l'innovation comme un moteur essentiel pour survivre sur un marché dit mature et souvent ultra-concurrentiel. « L'avance qu'on a par rapport à des entreprises sur le même créneau, je compte la garder grâce à la re cherche et développement », prévient Daniel Pierre, P-DG de Géo-Hyd et vice-président du pôle de compétitivité Dream. D'autant qu'en matière d'innovation, le champ des possibles est vaste. « La réglementation, la normalisation et la pression sociale sont de vrais aiguillons », constate Jean-Michel Clerc, chargé de mission au pôle de compétitivité Eau basé à Montpellier. La mise en œuvre de la directive-cadre sur l'eau, en particulier, a ouvert la voie en introduisant de nouveaux concepts tels que la notion de masses d'eau ou de bon état écologique. « Cela a apporté des besoins en méthodologie et en outils », reconnaît Daniel Pierre, dont la société a développé une double compétence en informatique et environnement. Ce cadre réglementaire a également permis l'émergence de projets sur la biodiversité, grâce à laquelle des petites entreprises comme Nymphéa, spécialisée dans les plantes de bassin, peuvent apporter leur pierre à l'édifice. « Suez avait besoin d'un producteur de plantes pour créer une zone humide », raconte Philippe Prohin, le dirigeant de la PME. « C'est une accréditation de notre savoir-faire et cela va nous permettre d'acquérir des compétences dans le génie végétal », se réjouit-il, précisant qu'une personne a été embauchée spécifiquement pour suivre ce projet. En tant qu'entreprise publique de financement de la croissance des PME, Oséo a aidé 129 projets environnementaux en 2011, dont 36 % dans le domaine de l'eau et des effluents aqueux ; ce qui en fait le secteur le mieux doté. D'après Oséo, bien placée pour observer les tendances, le traitement des effluents industriels vient en tête des demandes, devant la réduction de la consommation d'eau ou l'utilisation de ressources alternatives comme le dessalement ou la réutilisation des eaux usées traitées (Reuse). Un rapport de juillet 2011 du groupe Eau et assainissement du comité stratégique des éco-industries (Cosei) identifie d'ailleurs le Reuse comme porteur de technologie d'avenir. Mais pour Yvan Kedaj, délégué général du réseau d'entreprises de la filière eau Swelia, « la réglementation française sur le Reuse reste très pénalisante au regard de ce qui se fait ailleurs. Difficile pour nos en tre prises de se positionner à l'international, alors qu'elles disposent de peu de références chez elles ! ». Parmi ses 26 propositions d'action, le rapport du Cosei préconise aussi de créer un mécanisme de garantie du risque lié à l'innovation. Car, « personne ne veut être le premier à acheter une nouvelle solution », constatent avec amertume tous les dirigeants de PME interrogés. « Et pour une collectivité qui achète un traitement innovant qui ne fonctionne pas, c'est la double peine, souligne Georges Pottecher, directeur général du pôle Hydreos. Non seulement elle doit rembourser les aides à l'agence de l'eau et, en plus, elle doit reconstruire un système ! ». En 2013, un premier essai de système de garanties avec possibilité de partage du risque sera mis en place par les agences de l'eau, l'Onema et la direction de l'eau. Oséo identifie aussi la problématique de micropolluants parmi les thèmes de recherche d'innovation des PME. « Il faut savoir les mesurer », intervient Gaëtane Suzenet, la directrice générale du pôle Dream. « Quelles compétences associer pour créer une filière complète de production de capteurs ? C'est ce que nous sommes en train de quantifier. La métrologie est un des thèmes majeurs du pôle », insiste-t-elle. Stéphane Fischer, président fondateur d'Ubertone, a bien saisi l'importance d'avoir des outils performants. Il a mis au point un instrument de mesure à installer dans les réseaux d'assainissement, mais son innovation ne rencontre pas un enthousiasme débordant. « Elle intéresse les laboratoires, mais pas encore les gestionnaires, regrette-t-il. Il faut du temps ». Et peut-être une approche commerciale plus agressive ? Igor Dubus est le cofondateur de Footways, qui propose des solutions lo gi-cielles pour l'évaluation de transfert de pesticides dans l'eau. Pour lui, « Il faut penser à recruter des commerciaux dès le début. Ce n'est pas forcément un réflexe quand on est, comme moi, issu de la recherche ». Deux ans seulement après sa création, la start-up a connu une croissance telle que six personnes ont pu être embauchées en six mois. Pour autant, la question du temps est importante : le marché est-il prêt à accueillir telle ou telle nouveauté ? « Si on avait été prêt au moment où on a créé l'entreprise en 1999, on n'aurait pas eu de financement », reconnaît Antoine Gourdon, le directeur du développement de TMW, entreprise positionnée sur un procédé d'évaporation innovant pour le dessalement ou la concentration des effluents. Ses modules Aquastill et Ecostill sont opérationnels depuis 2009. « Ce temps de développement ne nous a pas été préjudiciable, assure-t-il. La vague verte qui a permis de susciter un intérêt pour notre solution est arrivée en 2007 - 2008. On était dans le bon timing ». Footways, quant à elle, s'est retrouvée un peu tôt sur le marché de l'étiquetage environnemental, avec un outil permettant de certifier qu'un produit agroalimentaire respecte l'eau. « C'était très tendance, mais le marché n'était pas mûr, explique Igor Dubus. Mais comme nous sommes une petite structure, nous avons vite compris et nous avons pu nous refocaliser. » Pour bien connaître l'état du marché, encore faut-il bien l'observer. C'est typiquement le genre d'aide que peuvent apporter les pôles de compétitivité ou les réseaux d'entreprises comme Swelia. Afin d'aider ses entreprises à se lancer à l'international, le pôle Dream a mis en place une cellule de veille sur les marchés publics français et observe de près le marché chinois. Avec leurs groupes de travail et leurs journées techniques, les pôles sont aussi le moyen pour les petites entreprises de se faire connaître. Mais la présence systématique des grands groupes en rebute certains. « Comment conserver notre pouvoir d'innovation si à chaque réunion il y a des représentants de Veolia, Suez ou Saur ?, s'interroge Cédric Fontaine, le créateur de 2Ô Innovation, une entreprise de sept personnes, notamment positionnée sur la gestion d'eau de pluie innovante. Nous risquons d'être dépossédés de nos idées ! ». Simon Jund, directeur de Sinbio, bureau d'étude spécialisé dans les eaux superficielles et les milieux naturels, confirme ces craintes, mais a choisi d'adhérer au pôle alsacien Hydreos. « Bien sûr, il y a de la méfiance. On s'est questionné, mais on a aussi pensé aux synergies positives. » Le pôle l'a mis en contact avec un sociologue pour un projet de recherche dans lequel il était déjà engagé et lui a proposé de participer à un autre projet de recherche et développement. Si les pôles permettent de partager des outils ou d'avoir accès à une plateforme mutualisée d'innovation, comme c'est le cas pour Hydreos grâce aux investissements d'avenir, ils ne sont, en revanche, pas faits pour subventionner la recherche. Ils labellisent des projets qui pourront ainsi obtenir des financements de l'ANR ( Agence nationale pour la recherche), du Fonds u nique d'investissement (FUI) ou encore du fonds européen Feder. Quand c'est possible, les PME puisent dans leur propre chiffre d'affaires pour financer leur recherche et développement. Beaucoup sollicitent Oséo, une solution efficace qui permet ensuite de faire levier auprès des banques. « Oséo est l'outil le plus simple, le plus léger, le mieux adapté aux PME », assure Véronique Arfi, la directrice générale déléguée de Phytorem, entreprise spécialisée dans la dépollution par les plantes. « Cela permet de monter des petits programmes, de mettre au point des petits démonstrateurs », poursuit-elle. Sachant qu'Oséo peut intervenir par l'intermédiaire de subventions ou de prêts. Il existe aussi de nombreuses aides nationales, régionales et départementales. « Mais le montage des dossiers est très long », se désole Véronique Arfi. « Avec Oséo, en un ou deux mois, on a l'argent. Avec les aides de l'État, on est obligé de faire des avances de trésorerie incroyables ! ». Ainsi pour compenser, les PME ont recours à l'augmentation de capital. Encore faut-il savoir à qui s'adresser… Car il existe des capitaux risqueurs différents selon le stade de développement de l'entreprise et des montants nécessaires. Pour accompagner les jeunes entreprises innovantes, Suez Environnement a lancé en 2010 Blue Orange, un fonds d'investissement dont le ticket d'entrée se situe entre 0,5 et 2 millions d'euros. « Nous visons un investissement minoritaire au capital de start-up de technologie de rupture », développe Adrien Henry, son directeur général. « L'objectif est que la startup garde sa liberté. Ce n'est pas de l'absorber. S'il y a un intérêt immédiat pour qu'elle intègre Suez Environnement, c'est de la fusion-acquisition classique, ce n'est pas pour Blue orange », ajoute-t-il, comme pour rassurer les entrepreneurs qui craindraient de se jeter dans la gueule du loup. Passé le stade de la start-up, « il y a un trou dans les mailles du financement », observe Pascal Gendrot le président du directoire d'Orège. « Entre les années 3 et 5, quand on a juste des essais réussis, mais pas encore le produit, les business angels sont quasi inexistants en France dans nos domaines, alors qu'ils sont nombreux dans les pays anglo-saxons ». Les fonds régionaux comme Sofimac en régions Centre, Auvergne, Rhône-Alpes par exemple, sont souvent les bonnes portes où frapper durant cette période critique. Pour financer sa recherche et développement, le crédit impôt recherche (CIR) constitue une opportunité intéressante, puisqu'il permet de récupérer de 30 % à 40 % des dépenses de recherche engagées par l'entreprise. « C'est une bonne mesure, reconnaît Benoît Gillmann, P-DG de Bio-UV, une PME qui conçoit, fabrique et commercialise des appareils de traitement de l'eau par UV et s'intéresse de près au traitement des eaux de ballast des navires. Mais on est dans l'insécurité permanente en termes fiscal, social et réglementaire. Les règles du jeu changent tout le temps ! » Bonne nouvelle cependant, le CIR, qui a fait l'objet d'un rapport remis au gouvernement cet été, pourrait être réaménagé afin d'être plus avantageux pour les PME. Enfin, pour faire le tri parmi toutes les possibilités de financement, les agences régionales pour l'innovation sont de bons soutiens. Transfert LR en Languedoc-Roussillon est particulièrement dynamique. Benoît Gillmann le souligne. « Ils ont mis en place quelque chose de très lisible, une sorte de mallette à outils avec des experts qui flèchent les bons dispositifs. » Car le principal problème des PME n'est pas le manque d'idées, mais la nécessité de dégager du temps et des moyens pour les réaliser. À ce niveau, tous les appuis sont précieux. 
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