« Mettre l'état de l'art au service de la sûreté des ouvrages hydrauliques en remblai », c'est la mission que s'est fixée la société GeophyConsult. « Durant les vingt dernières années, on estime qu'il y a eu une rupture d'ouvrage par an, avance Patrick Pinettes, président de Geophy-Consult. Cela devient un enjeu économique important. Or, 90 % des ruptures d'ouvrages sont dues à l'érosion, phénomène mal connu des gestionnaires. »
Avec la Lema de 2006, la législation s'est durcie sur la sécurité obligeant les exploitants à évaluer régulièrement les risques potentiels liés à leurs ouvrages. Dans le même temps, un programme de recherche Erinoh (Érosion interne des ouvrages hydrauliques) a été mis en place sous l'égide de l'Agence nationale de la recherche (ANR). GeophyConsult s'est alors lancée en 2010 avec pour ambition de mettre sur le marché les technologies issues de la recherche dans le secteur. C'est aujourd'hui chose faite pour deux d'entre elles. La première est un ensemble d'essais qualitatifs et quantitatifs visant à caractériser la résistance à l'érosion d'un ouvrage. Ces essais d'érosion participent ainsi au diagnostic de vulnérabilité exigé par la réglementation. L'un d'entre eux, le « Hole Erosion Test », développé avec l'Irstea, est commercialisé sous licence. « Pour l'instant nous sommes les seuls industriels en Europe à proposer ce type de diagnostic », explique le dirigeant. Mais c'est sur son deuxième axe de travail que l'entreprise espère un développement dans les années à venir. Elle commercialise sous licence de savoir-faire une technologie développée par EDF pour détecter de façon précoce les fuites dans les ouvrages grâce à l'utilisation de la fibre optique. Celle-ci permet de détecter des variations anormales de température de l'eau, signe qu'une brèche est en train de se créer. « Cela permet de renforcer la surveillance spatio-temporelle des ouvrages. Elle est complémentaire des systèmes de surveillance classiques, tels que l'inspection visuelle et l'utilisation de piézomètres », explique Patrick Pinettes. La fibre optique, enterrée sous l'ouvrage, peut alors mesurer la température tous les mètres et ce toutes les dix minutes. « Il y a un vrai potentiel de développement sur cette technologie. Nous avons montré que le surcoût de quelques pour-cent généré par cette installation était rentabilisé sur le long terme, car il permet de mieux cibler les actions de confortement », ajoute le dirigeant. Cinq ouvrages en remblai représentant 70 km au total ont déjà été équipés en France.