Rien ne va plus sur les rives droite et gauche de l'Ain, au niveau de sa confluence avec le Rhône. Dans cette zone protégée en tant que site classé au titre de la loi paysage de 1930, les crues de l'Ain menacent le stade et le camping municipal situés en rive droite, et les aménagements de protection de berge doivent régulièrement faire l'objet de coûteux travaux de reprise. Alors qu'en rive gauche, un vaste espace alluvial déconnecté de la rivière et de sa nappe d'accompagnement perd peu à peu de son intérêt en termes de fonctionnalité hydromorphologique et de biodiversité.
Le syndicat de la basse vallée de l'Ain a donc mandaté un groupement de bureaux d'études, sous la houlette de Dynamique Hydro, qui a proposé une solution permettant de limiter les problèmes d'érosion tout en restaurant la dynamique alluviale du cours d'eau. Après une phase préalable de plus de deux ans (analyse géomorphologique, modélisation hydraulique, étude paysagère, dossiers réglementaires, etc.), le chantier a débuté à l'automne 2012. « Il a consisté au retrait d'une digue et à la création d'un chenal de 500 mètres de long sur 20 mètres de large. Lors de crues supérieures à 350 m3 /s, il acceptera une partie du débit de l'Ain », précise Charles Monneret, cogérant de Dynamique Hydro. « Ces travaux vont rendre à la rivière son espace de liberté, en la reconnectant à son espace alluvial et à une lône devenus difficilement accessibles lors des crues. En réactivant la zone d'expansion de crues, nous visons à rajeunir ces milieux annexes et à réduire les contraintes hydrauliques sur les berges à l'aval, au niveau des équipements municipaux. Cela correspond aux objectifs du Sage », souligne Céline Thicoïpé, directrice du syndicat de la basse vallée de l'Ain.
L'opération a été facilitée par la maîtrise foncière de la part de la commune et des Domaines des terrains concernés par les travaux. Le terrassement à peine terminé, en décembre 2012, une crue a permis de vérifier le bon fonctionnement du chenal, qui évolue déjà vers des formes fluviales naturelles. Un suivi sur cinq ans des profils des habitats, des paysages et de la biodiversité (espèces ornithologiques notamment) est en développement.
D'un montant d'environ 200 000 euros HT (dont 100 000 euros de travaux), cette opération a été accompagnée par l'agence de l'eau Rhône-Méditerranée et Corse, la Région Rhône-Alpes, le conseil général de l'Ain et l'État.