Évaluer le degré de pollution d'une rivière par l'analyse de sang d'une truite, c'est le but du projet de biomarqueur sentinelle développé par Émeline Valton, chercheuse au sein d'Ertica, une équipe de recherche sur les traitements individualisés des cancers et du LMGE (Laboratoire micro-organismes : génome et environnement), à Clermont-Ferrand. « Dans le sang de la truite fario, il y a deux sortes de protéines : celle dite de garde, présente en permanence, et celle de défense, en cas de pollution. Leur niveau d'expression varie en fonction de la quantité de polluants », explique Émeline Valton. Le procédé permet donc de déterminer indirectement le degré de contamination du milieu. Pour le développer et le tester, la chercheuse a participé à des pêches électriques de la fédération départementale de pêche du Puy-de-Dôme sur 150 stations de prélèvement. L'outil se veut complémentaire des indicateurs utilisés comme l'IPR (Indice poisson rivière). « Sur une des zones de test, nous avons pu montrer que, malgré un bon IPR, les truites étaient soumises à une pollution », précise-t-elle. Le test peut ainsi détecter une pollution chronique ou ponctuelle, mais pas spécifier le type de polluants, car la truite réagit aussi bien aux hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), qu'aux métaux lourds ou aux pesticides. Sa thèse terminée et un brevet déposé en 2011, Émeline Valton cherche maintenant des financements pour rendre l'outil commercialisable. Au programme, la réduction du temps d'analyse et le développement de kits de prélèvements prêts à l'emploi ne lésant pas les organismes car, pour l'instant, la prise de sang est létale pour la truite.