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EAU

Le bleu de travail se met au vert

PUBLIÉ LE 1er JUIN 2013
LA RÉDACTION
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Le magazine des professionnels de l’eau et de l’assainissement.
Le tournant remonte à 2005. Sinistrés par les délocalisations, les spécialistes du vêtement professionnel aspirent alors à une meilleure maîtrise de leur chaîne de production. C'est sous la pression de ses clients que la profession intègre pas à pas la dimension environnementale. Marc Jacouton, directeur marketing et développement durable de Cepovett, qui habille no tamment les équipes d'Air France, de Sodexo et d'Europcar, ne cache pas, qu'au départ, « cela fut vécu comme une contrainte supplémentaire. Puis nous nous sommes rendu compte de l'impact de la production textile. Développer une démarche de responsabilité sociale et environnementale (RSE) est devenu une évidence ». D'un client à l'autre, les exigences n'en restent pas moins variables. « En affectant une part de sa note à la dimension écoresponsable dans ses appels d'offres, la SNCF tire les choses vers le haut. Mais tous les acheteurs ne sont pas aussi en avance sur le sujet », confirme-t-il. Exemplarité oblige, le secteur public est le plus demandeur. Uniformes de la Police nationale en coton équitable, habits jaunes des postiers et tenues vertes des éboueurs de la Ville de Paris en coton bio, etc. « Dans le privé, l'engouement s'est légèrement tari. Les acheteurs restent attentifs à l'éthique du fournisseur, mais ne sont pas forcément prêts à payer plus pour le produit », constate Jacques Gindre, P-DG de Mulliez-Flory, qui fournit six millions de pièces par an à des clients comme ADP, l'AP-HP, Eurotunnel, Jardiland ou Peugeot. Les deux poids lourds du marché, Mulliez-Flory et son concurrent Cepovett, sont les plus avancés en termes de politique environnementale. Chez le premier, elle s'est concrétisée l'an dernier par un bilan carbone du siège français et des usines tunisiennes. D'ici à la fin de l'année, un bilan carbone portant sur le cycle de vie des tenues produites sera réalisé. Et d'ici à fin 2014, la norme RSE Iso 26000 devrait être intégrée. Parlant d'écoconception, le second agit en amont, dès le dessin et le stylisme, en évitant les superpositions inutiles de tissus, « pour faciliter en fin de vie la valorisation matière des vêtements portés ». Les deux confectionneurs adhèrent à la démarche Fibre citoyenne (lire encadré) et proposent du coton bio certifié Max Havelaar. « Mais tout le monde se cache derrière les labels, ce n'est plus un facteur de différenciation », prévient Marc Jacouton. Pour aller plus loin, ils investissent un nouveau terrain, celui de la sensibilisation, de l'image et de la pédagogie. « Pour justifier les 10 % de plus que coûte le coton bio, il faut apporter au client une histoire, du sens et des valeurs qu'il s'approprie et intègre à son discours d'entreprise. » Car, on l'aura compris, le vêtement professionnel n'est pas un habit comme un autre. À son propos, on parle volontiers de vêtement d'image ou de représentation. « Il est stratégique car vu ou porté par l'ensemble des employés. C'est un vecteur pour faire passer des messages et montrer quels engagements l'entreprise défend », observe Christophe Lambert, directeur de TDV Industries, l'un des principaux fabricants français de tissus professionnels (10 millions de mètres de tissu par an). Placé en amont de la filière, lui-même n'est pas en reste d'actions. Fait rare, il s'engage en 2012 à travers un Agenda 21 et vient d'entamer son second pour 2017. L'une de ses priorités est de traquer les économies d'eau et d'énergie, surtout lors de la teinture. Et de rester en pointe : 9 % de son chiffre d'affaires annuel passent dans le renouvellement des machines. Ce fournisseur des confectionneurs intègre des matériaux bio-sourcés dans ses gammes, propose des tissus à base de pulpe d'eucalyptus, dotés de l'Écolabel européen, et fait fabriquer son coton en Afrique de l'Ouest, à raison de 100 à 150 tonnes par an. « Le coton africain est issu d'une culture pluviale et non irriguée. Son empreinte eau est réduite. Il répond aux cahiers des charges exigeants et aux contraintes de transparence et de visibilité du secteur. » Son rêve d'industriel ? Voir fleurir une filière de vêtements professionnels en chanvre made in France. « Une fibre fabuleuse, qui garantit un confort thermique et favorise la biodiversité des sols. » S'il en intègre déjà à sa production, dans une gamme de 20 à 30 % plus cher que la moyenne, il reste du chemin à parcourir pour que le chanvre français pénètre le secteur. Le bon point, c'est que nombre de professionnels y croient. Autre voie de progrès, le recours au polyester recyclé. Les vêtements professionnels sont majoritairement en coton (pour le confort) et polyester (pour la résistance). « Mais des entreprises habillent leurs équipes de vêtements contenant du polyester recyclé. Par exemple Evian, par souci de cohérence et d'image, car la marque intègre aussi du plastique recyclé dans ses bouteilles », cite Marc Jacouton. En fin de vie, que deviennent les tenues de travail usagées ? Pour le compte de l'Ademe, l'ONG lilloise Yamana a mené l'enquête : sur les 35 millions de pièces distribuées chaque année (15 000 tonnes), moins de 10 % sont recyclés. Le reste part à l'incinération ou en enfouissement. Une fois sur deux, la tenue appartient non à l'entreprise, mais à l'agent. S'il veut la garder pour jardiner, difficile de s'y opposer. Des collectes sont néanmoins possibles. Les organiser nécessite des partenaires : Sita pour Cepovett, Le Relais et le recycleur nantais Solution recyclage pour Mulliez-Flory. « Cette logistique du retour, la SNCF et ADP la réclament, mais elle est complexe à facturer. Les tenues partent ensuite chez un effilocheur dans l'est de la France », signale Jacques Gindre. Dans 300 hôtels Ibis, Cepovett a été jusqu'à en dénicher au fond des placards ! « Plus qu'une approche par le biais du déchet, c'est de la communication environnementale, indique Marc Jacouton. Nous sensibilisons les employés et récupérons leurs tenues lors de la livraison des nouvelles, en expliquant à quoi sert ce geste. » Chez Ibis, 18 tonnes ont été ramassées, et 10 chez Air France, dont des chemises sans marquage, idéales pour le réemploi. « La réutilisation est la voie la plus vertueuse. Mais dès que la tenue décline trop l'identité de l'entreprise, direction l'effilochage. Le but est que tous nos grands comptes collectent. Nous avons plus d'un an de retour d'expérience », termine Marc Jacouton. Si, un jour, l'écotaxe sur les déchets textiles s'applique au vêtement professionnel, la filière ne sera donc pas complètement novice en la matière.
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