Nombreux sont les exploitants de réseaux d'eau potable des Vosges (88) à être concernés (60 %) par l'arrêt de la production du calcaire marin de l'archipel des Glénan. En effet, pour des raisons environnementales, la production de ce calcaire (neutralite) est interdite depuis 2011. Or, 245 stations des Vosges utilisent cette neutralite pour adoucir l'eau, naturellement agressive, puisée dans les nappes. Le département, par l'intermédiaire de la Mission interservices de l'eau et de la nature (Misen) a donc lancé une étude en 2010 qui vise à réaliser une typologie des stations et envisager les solutions de substitution les plus adaptées.
Ce questionnement technique s'est doublé d'une g r ande opération de mise aux normes. « Même avec un système de neutralisation, plus de la moitié des stations sont non conformes au niveau de l'équilibre calcocarbonique. Si produire une eau agressive n'est pas directement dangereux pour la santé, cette eau va attaquer canalisations et réservoirs avec le risque de se charger en métaux », détaille Nicolas Reynaud qui pilote le dossier à l'ARS (Agence régionale de santé). Parmi les causes : un système vieillissant, parfois sous-dimensionné, mais aussi un procédé mal entretenu, faute de personnel compétent ou d'accessibilité de la station en hiver. Et la substitution par du calcaire marin en provenance d'Islande ou par du calcaire terrestre ne permettra pas de solutionner le problème. Dans certains cas, il faut rajouter une injection de CO2 en prétraitement, voire de la soude en sortie, nécessitant des travaux conséquents. Une campagne de formation technique a donc été organisée auprès d'élus (qui gèrent eux-mêmes les stations) et d'agents techniques. En parallèle, dans chaque commune qui l'a sollicitée, une réunion a été organisée avec la DDT, l'ARS et l'agence de l'eau. « Il s'agissait de faire un premier point sur le réseau, son rendement, la protection des captages ou encore les interconnexions possibles », ajoute Nicolas Reynaud. Car les agences de l'eau Rhin-Meuse et Rhône, Méditerranée et Corse – qui se partagent le département – et le conseil général conditionnent leurs aides à la réalisation préalable d'un diagnostic complet. « Il ne s'agit pas que d'un changement de produit mais d'une remise à niveau dans son ensemble. C'est l'occasion de se poser et de voir ce que l'on peut faire de plus pour optimiser l'ensemble du système », confirme Pascal Vauthier, ingénieur d'affaires collectivités et agriculture à l'agence de l'eau Rhin-Meuse.
Fusionner plusieurs stations ou acheter de l'eau à la commune voisine figurent parmi les options à envisager avant le rééquipement. Sur 169 communes concernées, 89 ont été rencontrées et 55 ont lancé un diagnostic. Cela s'est fait – en fonction de leur taille – avec ou sans assistance à maîtrise d'ouvrage. Dix-neuf stations sont en cours de mise aux normes. L'objectif est que l'opération se répète pour une vingtaine de sites par an d'ici à 2020, avec un budget estimé à 28 millions d'euros.