Le projet Marquopoleau s'est achevé cet été par la présentation des résultats de trois années de R&D. Elles ont abouti à de nouveaux marqueurs de contamination fécale des eaux permettant de déterminer l'origine des pollutions littorales.
Dans le cadre des nouvelles réglementations européennes relatives aux eaux conchylicoles et eaux de baignade, des profils de vulnérabilité doivent être réalisés pour mieux connaître les sources potentielles de pollution. En effet, la bactérie E. Coli, l'indicateur habituellement utilisé pour caractériser une contamination fécale, ne permet pas de déterminer une origine humaine ou animale. Les organismes de recherche partenaires du projet (Ifremer, Irstea, CNRS et université d'Angers) ont donc sélectionné des marqueurs spécifiques aux sources humaines, bovines ou porcines, et présentant une bonne persistance dans les eaux. Au final, a été proposée une boîte à outils d'une dizaine de marqueurs de nature chimique (comme les stanols, molécules constitutives des déjections animales, et la caféine, un traceur spécifiquement humain) et biologique (bactériophages et bactéroidales, caractéristiques de la flore intestinale). Selon Michèle Gourmelon, microbiologiste à l'Ifremer de Brest, « les résultats donnent des ordres de grandeur de la contribution des différentes sources. Et un suivi régulier permet de voir leur évolution, par temps sec ou de pluie ».
Chercheurs et laboratoires ont également travaillé ensemble pour développer des outils analytiques fiables et performants : chromatographie en phase gazeuse couplée à la spectrométrie de masse pour la chimie et PCR (Polymerase chain reaction) pour la microbiologie. « Nous avons réalisé une intercalibration entre les labos partenaires, pour valider la robustesse de nos méthodes d'analyse », ajoute Gaël Durand, directrice déléguée à la R&D de l'institut Idhesa, le groupement d'intérêt public porteur du projet. Ces techniques permettent une caractérisation quasi instantanée (contre 24 à 48 heures par culture bactérienne classique) et plus fine que les analyses culturales habituellement pratiquées. De plus, elles sont utilisables par tous les laboratoires d'analyses, les bénéficiaires finaux de ce transfert de technologie.
Dans le cadre du Pôle mer Bretagne, le projet est soutenu par le fond de compétitivité des entreprises du ministère des Finances, complété par des aides du conseil régional de Bretagne, des conseils généraux du Finistère et du Morbihan, et de Brest métropole océane. À la demande de l'agence de l'eau Loire-Bretagne, un guide conseil d'utilisation des marqueurs a également été réalisé. Il est destiné aux collectivités et bureaux d'études.