Sur les chantiers de réseaux d'eau ou d'assainissement, la terre extraite est habituellement mise en décharge et les granulats pour le remblai achetés à des carriers. Au niveau environnemental, le réemploi sur site a pourtant des avantages évidents : préservation de la ressource en granulats et donc des milieux naturels ou encore limitation des transports en camion avec, à la clef, une diminution des émissions de gaz à effet de serre. Dans le bassin Rhin-Meuse, où les gisements de granulats sont encore abondants, l'agence de l'eau a décidé de donner un coup de pouce à la réutilisation avec un dispositif d'aides spécifiques. « Nous majorons le montant de l'assiette d'aides de 10 % pour les travaux des réseaux d'assainissement ou d'eau potable qui réemploient des matériaux traités. Par ailleurs, nous demandons à ce que la possibilité de réemploi soit étudiée pour tous les chantiers. Cela s'inscrit dans notre politique de développement durable, renforcée au sein du 10e programme », détaille Amélie Heuzé, chargée d'études développement durable et assainissement à l'agence. Elle s'est aussi associée aux Canalisateurs de France et à la Fédération régionale des travaux publics (FRTP) de Lorraine pour rédiger une plaquette de promotion et organiser une demi-journée d'information en septembre pour inciter des professionnels parfois hésitants. La réutilisation nécessite, en effet, des études géotechniques plus approfondies pour apprécier la nature du sol et le niveau de traitement nécessaire des remblais. Il faut aussi disposer d'une plateforme de stockage à proximité du chantier pour traiter la terre excavée. Néanmoins, les professionnels espèrent beaucoup des économies potentielles générées alors que les budgets travaux des petites collectivités sont de plus en plus serrés. Certaines expérimentations avancent une baisse des coûts de 10 à 15 %. « Chaque opération est à étudier au cas par cas. Si les gisements de granulats sont proches ou si le sol nécessite l'ajout d'une grande quantité de chaux, le gain peut s'avérer moins important », tempère Jacques Masson de Sogea Est BTP, membre des Canalisateurs de France. Le groupe de travail planche maintenant sur un guide méthodologique pour aider les maîtres d'œuvre à construire leurs cahiers des charges techniques.