À cheval sur les départements des Bouches-du-Rhône (13) et du Var (83), coincée entre la côte provençale et le massif de la Sainte-Baume, l'unité hydrogéologique du Beausset est un ensemble de formations carbonatées très karstifiées. Entendez par là que leur fracturation et leur dissolution par les eaux d'infiltration y ont créé un réseau complexe de conduits souterrains, dans lesquels l'eau circule avant de se perdre dans la Méditerranée. Une ressource qui pourrait être très utile aux Marseillais et aux Toulonnais : l'alimentation en eau potable de ce secteur sous pression démographique et touristique est en effet fortement dépendante des eaux superficielles, en particulier des canaux de Provence et de Marseille.
Pour diversifier leur approvisionnement, les sources karstiques qui se jettent dans les calanques de Cassis ont fait l'objet de plusieurs tentatives de captage dans les années soixante-dix. Sans succès. Lancé en 2007 par Aix-Marseille Université (AMU), le projet KarstEau travaille aujourd'hui à évaluer le potentiel de ces ressources et à proposer des solutions pour les exploiter. Dans le cadre de deux thèses, plusieurs sources ont fait l'objet d'un suivi en continu : jaugeages des débits, campagnes d'analyses physicochimiques et isotopiques. Un modèle géologique 3D a également été réalisé à partir des forages répertoriés dans la banque de sous-sol du BRGM. « Ces données ont permis de définir les bassins d'alimentation et d'établir le bilan hydrique général de l'unité du Beausset », indique Bruno Arfib, maître de conférences au Cerege. Les résultats donnent le vertige : 400 millions de mètres cubes transitent tous les ans dans l'unité hydrogéologique, dont le stock total est évalué entre 16 et 44 milliards de mètres cubes d'eau ! Le modèle est également à l'origine de cartes de potentialité de présence de ressources aquifères. Ce afin d'orienter la recherche de secteurs où capter cette eau abondante, disponible et de bonne qualité, protégée par des zones de recharge restées pour l'instant à l'état naturel sur les 4/5e de leur surface.
Dans la continuité de KarstEau, le projet de recherche Dardennes, lancé en 2013 en partenariat avec l'agence de l'eau Rhône Méditerranée et Corse, le bureau d'études Cenote, Veolia et la ville de Toulon, porte le nom d'une retenue artificielle alimentée par plusieurs sources de la limite orientale du Beausset, utilisée pour produire une partie de l'eau potable des Toulonnais. Avec deux nouvelles thèses en cours, ce projet vise à améliorer la connaissance des ressources karstiques du massif de Dardennes. « Il aboutira également à des recommandations sur leur gestion et leur future exploitation, envisagée par la ville », souligne Julie Bailleul, directrice Réseaux de Toulon.