Le récent développement de la télérelève permet d'étendre l'intelligence des réseaux d'eau potable plus en aval, au cœur des villes, jusqu'aux compteurs des abonnés. Sur cette nouvelle offre, deux entreprises, Ondeo Systems chez Suez et M2ocity – filiale créée à parts égales entre Orange et Veolia – proposent des services télécom « Machine to Machine » (M2M) aux collectivités. Chacune utilise aujourd'hui sa propre technologie de communication radio. Ondeo Systems a opté pour la télérelève longue portée 169 MHz tandis que M2ocity opère son réseau à la radiofréquence 868 MHz. Les deux concurrents utilisent des protocoles de communication propriétaires différents (avec ou sans répéteurs, bidirectionnels ou non). Cependant, suivant la tendance des travaux de normalisation déjà réalisés sur le gaz, les protocoles de communication des compteurs d'eau vont nécessairement évoluer vers une standardisation. Le groupe Saur travaille ainsi sur un nouveau protocole ouvert de « deuxième génération » avec le système Coronis qui sortira cette année. Les radiofréquences ont le grand avantage d'être libres de droit et donc sans coût de communication. Ce critère est très important pour les opérateurs des réseaux radio qui génèrent déjà par télérelevé un volume de données impressionnant : envoi d'alarme si détection de fuite, envoi automatique des index plusieurs fois par jour – voire une fois toutes les heures (au lieu de deux fois par an) – vers les systèmes d'information spécialisés des exploitants (services clientèle, facturation). Pour répondre à la tendance, les fabricants ont adapté leurs gammes et proposent aujourd'hui des compteurs intelligents communicants en mode radio. Chez Sensus, le dernier né, iPerl, est un compteur statique performant dans les très bas débits équipé en France d'un module radio en 868 MHz intégré à l'appareil. « Nous proposons plusieurs protocoles de communication. Le premier est ouvert et conforme au projet d'interopérabilité (Wireless M-Bus), le second est un protocole Sensus RF. Ce compteur peut remonter des alarmes, des débits, des consommations ; on fait quasiment du data logging », juge Michel Jacquet, directeur commercial de Sensus France. Sappel propose également différentes gammes de compteurs volumétriques communicants en 169 MHz ou 868 MHz, avec plusieurs choix de protocoles. « Nous sommes capables de nous adapter aux spécificités des grands opérateurs et nous proposons aussi notre module radio Izar, un produit Diehl Metering, qui possède un mode de communication ouvert appelé Prios, en 868 MHz », précise Pascal Perrière, directeur commercial chez Sappel qui équipe aujourd'hui la majorité de ses compteurs divisionnaires de module radio. Pour exploiter au mieux les potentialités des réseaux radio déjà implantés, les opérateurs élargissent aujourd'hui les applications de leurs services télécom, notamment en les mettant au service des recherches de fuites sur les réseaux d'eau potable. « Avec les obligations du Grenelle, un des gros enjeux des collectivités est d'améliorer le rendement de leurs réseaux grâce à des stratégies de recherche de fuites performantes. Avec la sectorisation des réseaux, le télérelevé des compteurs d'eau devient essentiel pour répondre à cette nouvelle exigence. Il permet de calculer et de suivre de manière précise le rendement des différents secteurs », explique Pierre-Yves Senghor, directeur marketing de M2ocity. « Nous proposons également un prélocalisateur acoustique communicant grâce à notre service télécom M2M », ajoute le responsable. Capable de localiser finement les fuites par détection acoustique, un prélocalisateur installé en fixe sur les différents secteurs d'un réseau d'eau potable permet alors aux exploitants d'adopter une gestion quasi préventive des fuites. Primayer a développé une version radio de son prélocalisateur acoustique Phocus HR, opérable sur le réseau de M2ocity. « La communication radio convient bien à des appareils enterrés. Elle passe mieux que les SMS et elle nécessite moins d'énergie », affirme Bruno Guigue, responsable commercial chez Primayer. Ondeo Systems a lui aussi développé sa démarche. Avertir est basée sur une prélocalisation de fuite télérelevée. « À Biarritz, grâce à un équipement de 50 prélocalisateurs, les pertes en eau ont diminué de plus de 30 % depuis 2011 et le rendement du réseau atteint aujourd'hui 93,1 % », précise Farrokh Fotoohi, directeur général d'Ondeo Systems. En réseau de distribution, de nouvelles applications visent également le contrôle de la qualité de l'eau en continu. Endetec, filiale de Veolia spécialisée dans le monitoring environnnemental, a développé en ce sens sa sonde Kapta multiparamètres (pression, chlore actif, température et conductivité), autonome et capable de communiquer en mode radio. Par ce biais, une surveillance 24/24 h peut être assurée par les exploitants. Et même les réseaux d'assainissement commencent à intégrer ces solutions intelligentes. « Nous proposons d'équiper les déversoirs d'orage de sondes de niveau communicantes pour identifier plus rapidement et prévenir les débordements. Autre exemple, des capteurs communicants de H2 S peuvent aider à exploiter et à préserver les ouvrages », précise encore Pierre-Yves Senghor qui prévoit d'étoffer la gamme de capteurs communicants sur son réseau dès cette année.