Branle-bas de combat à Port-Camargue. Depuis début janvier, les canaux sont dragués par une nouvelle technique issue du projet Ecodredge-Med, lauréat de l'appel à projet R&D 2011 du Fonds unique interministériel. « Les technologies de calibrage des sédiments utilisées ne sont pas nouvelles mais c'est la première fois qu'elles sont employées simultanément sur un même chantier. Par ailleurs, toutes les étapes seront réalisées directement dans le port sur une barge », détaille Michel Cavaillès, directeur de la régie autonome de Port-Camargue qui porte le projet. Un réel intérêt pour le port qui doit évacuer près de 40 000 m3 de sédiments et présente un littoral très urbanisé et en partie en zone protégée. Le projet vise aussi à valoriser au maximum les matériaux extraits.
Dans une première phase, qui a duré un mois, 2 000 m3 de sédiments ont été dragués dans les secteurs les plus pollués du port. La fraction fine, inférieure à 80 microns, qui fixe les polluants (des résidus de cuivre issus des peintures antifouling) a ensuite été stockée dans des géotubes pour être déshydratée. Elle sera ensuite envoyée dans un centre d'élimination des déchets. C'est pour la seconde phase que la nouvelle technique est utilisée. Sur la même barge se trouve une drague aspiratrice et des unités de calibrage des sédiments, cribleur (4 millimètres) et hydrocyclone (80 microns). La fraction fine, représentant 10 000 m3 environ, est cette fois redéposée dans le fond du port. Quant à la partie sableuse, qui représente 75 % du volume, une fois triée, nettoyée et transportée directement par des chalands depuis la barge, elle sera réutilisée localement : 25 000 m3 de sable seront utilisés par la commune du Grau-du-Roi pour la renaturation du site d'un ancien hôpital. Les sables serviront alors à rétablir un cordon dunaire. Les partenaires scientifiques du projet (École des mines d'Alès et université de Montpellier 2) ont aussi travaillé sur d'autres voies de valorisation du sable traité : la fabrication d'un béton de sable sans apport de granulats et la réalisation de sol stabilisé pour pistes cyclables. Ces projets vont utiliser 3 000 m3 de matériaux extraits du port.
Pour les membres d'Ecodredge, le chantier de dragage, ainsi géré, devient une ressource potentielle en matériaux sableux pour la collectivité et ne constitue plus une contrainte. Le coût de l'opération s'en retrouve aussi réduit. « La technique que nous avons développée nous permet de limiter les coûts à 50 euros la tonne contre 100 à 200 euros la tonne pour un dragage classique », assure le directeur. Le chantier s'achèvera fin avril et la technique devrait être ensuite commercialisée par l'un des partenaires du projet, l'entreprise EMCC, filiale de Vinci construction spécialisée dans le dragage.