Les projets de dépollution des nappes par des solvants chlorés se multiplient. Ces pollutions représentent une problématique singulière, en particulier dans les aquifères. Elles sont caractérisées par des concentrations importantes avec des réservoirs alimentant des panaches de plusieurs kilomètres qui conduisent parfois à la fermeture de captages d'eau. En outre, elles sont souvent associées à des petites entreprises – comme des ateliers de nettoyage à sec par exemple – situées dans des zones densément peuplées, et peu accessibles.
Ainsi, le projet européen CityChlor, démarré en 2010 a jeté les bases d'une réflexion globale sur la gestion des sols et aquifères pollués aux solvants chlorés en milieu urbain. Il a également permis de rassembler les connaissances techniques sur la caractérisation et la dépollution, et de tester différentes solutions sur des sites pilotes. Il en résulte une sorte de guide des bonnes pratiques accessibles sur le site web du projet (www.citychlor. eu). Qu'il s'agisse de traitement chimique ou de dégradation par des bactéries en place, les techniques in situ actuelles ne sont pas entièrement satisfaisantes du fait notamment des effets induits ou d'un périmètre d'action restreint. Ainsi, le projet Nanofrèzes achevé en 2013, soutenu par l'ANR, a permis de concevoir des nanoparticules de fer zéro à injecter dans l'aquifère afin de mettre en œuvre une réaction chimique d'oxydo-réduction. La solution a été testée sous le bâtiment d'une entreprise du secteur aéronautique. « Le rayon d'action a atteint plusieurs mètres au lieu de quelques dizaines de centimètres avec des particules classiques de fer », se réjouit Alain Dumestre, directeur technique de Serpol.
Le projet Dechlored retenu dans le cadre de l'appel à projets éco-industrie 2011 va encore plus loin. Le procédé par réduction chimique in situ (RCIS) étudié ajoute de la dithionite au nanofer. Ce puissant réducteur permet de diminuer les phénomènes de passivation du fer. Les premières expériences en laboratoire et en colonnes de percolation affichent des rendements de 80 à 90 %. Les tests sur le site pilote de Néry Sain-tines dans l'Oise (60) ont démarré en mars et les acteurs du projet envisagent l'industrialisation de la solution dès cette année. 2014 voit également le démarrage opérationnel de Silphes. Ce projet, porté par le chimiste Solvay, est l'un de ceux retenus dans le cadre d'un appel à manifestation d'intérêt de l'Ademe. Décliné en deux volets, produits purs et produits dissous, le projet se veut ambitieux. Des solutions biologiques, chimiques d'oxydation ou de réduction seront examinées. Les premiers résultats sont attendus d'ici un an avant d'entamer les essais grandeur nature.