« Les aquifères littoraux sont susceptibles d'être envahis par de l'eau salée. L'objectif du projet Grain d'sel qui vient de s'achever était de mieux caractériser les zones d'intrusion saline à différentes échelles en croisant des technologies diverses et de proposer un système d'alerte pour mieux anticiper les risques » détaille Nathalie Dörfliger, directrice de l'eau, de l'environnement et des écotechnologies au BRGM qui coordonnait ce projet ANR Ecotech. C'est sur la plaine du Roussillon, dans les Pyrénées-Orientales, que les chercheurs du BRGM, les laboratoires Géosciences Montpellier, et UPVD/Cefrem, ImaGeau et le bureau d'études Burgeap ont focalisé leurs travaux. Les chercheurs ont d'abord tenté de croiser des données obtenues à des échelles régionales et locales pour avoir une vision plus précise des intrusions salines au niveau des aquifères de la zone. Mais les données géophysiques aéroportées, obtenues dans le cadre du projet européen Eufar, n'ont pas permis de caractériser finement les variations de salinité au sein des différentes nappes. L'équipe s'est ensuite concentrée sur de la collecte de données à l'échelle locale. Deux forages de 150 mètres de profondeur ont été réalisés au Barcarès et deux forages de 20 mètres à Canet. Chaque site a ensuite fait l'objet de deux équipements. Dans l'un des forages, un dispositif Westbay développé par la société Schlumberger a permis d'isoler verticalement différents secteurs pour prélever des échantillons d'eau et réaliser des mesures de pression et température ainsi que des analyses hydrochimiques et isotopiques. Dans l'autre, ImaGeau, une PME spécialisée dans l'instrumentation du sous-sol, a installé son système SMD (Subsurface monitoring device) indiquant la conductivité électrique de l'eau – et donc sa teneur en sel – à plusieurs profondeurs définies de la nappe. Les mesures ont été réalisées en parallèle sur 18 mois. « Sur un temps d'étude assez court, nous avons observé des phénomènes de remontée d'eau douce puis de salinisation entre juillet et septembre et distingué quatre unités hydrogéologiques », détaille Laurent Depraz, président d'ImaGeau. La PME a ainsi pu, pour la première fois, tester et fiabiliser son système SMD à grande profondeur. Avec ces données, les chercheurs ont tenté de modéliser le fonctionnement de la nappe pour élaborer un système performant de gestion et d'alarme. Mais le travail reste inachevé de par la complexité de la nappe. « Les outils de surveillance développés peuvent néanmoins déjà être utilisés par les gestionnaires de la nappe pour mieux gérer les prélèvements » détaille Nathalie Dörfliger. Le projet terminé, les sites vont continuer à enregistrer des données dans le cadre de projets de recherche issus du contrat de plan État-région Languedoc-Roussillon.