Le filtre planté de roseaux (FPR) permet de répondre à certaines exigences environnementales de rejet tout en étant peu coûteux et facile d'utilisation pour les petites collectivités. Mais face aux exigences croissantes de qualité de l'eau, la filière évolue. À Villenouvelle, en Haute-Garonne (31), la récente Step de 1 500 EH est équipée d'un système d'un nouveau genre. Le FPR installé par la société Epur Nature est associé à un procédé bactérien, Combipur. Il permet de traiter les matières organiques et l'azote avec une emprise moindre qu'un filtre planté classique. Sous le lit bactérien, un plancher décanteur permet de récupérer les boues qui sont envoyées en tête de station grâce à une pompe de relevage. À la suite du FPR, Epur Nature a aussi installé un dispositif innovant pour le traitement du phosphore. « La directive-cadre sur l'eau exige d'adapter le rejet de phosphore selon les milieux. En milieu sensible, pour atteindre les seuils fixés, un filtre planté classique ne suffit pas » détaille Jocelyne Di Mare, chargée de mission à l'agence de l'eau Adour-Garonne qui a financé en partie la station. La solution classique consiste en un traitement physico-chimique (réactifs à base de fer ou d'aluminium) supplémentaire. L'alternative choisie à Villenouvelle consiste à installer en aval du FPR un filtre contenant des phosphorites, riches en apatite (phosphates de calcium). Ce matériau naturel a la capacité d'absorber les orthophosphates et à terme de les faire précipiter. « On peut sans aucun souci réduire les rejets de phosphore à 2 voire 1 mg/l en sortie » détaille Pascal Molle, chercheur à l'Irstea qui a travaillé au développement de cette technologie. La durée de vie du filtre apatite a été estimée à une dizaine d'années au minimum. Mais l'objectif serait qu'il dure toute la vie d'une station, soit près de trente ans. Mais pour l'instant, les chercheurs ont peu de recul : seule une dizaine de stations sont équipées et la plupart depuis moins de deux ans. Car la filière reste encore onéreuse. En effet, le marché est émergent et le coût de la matière première, la phosphorite, est très fluctuant car le phosphore devient une ressource rare notamment pour la fabrication d'engrais. « L'idéal serait de recycler ces filtres dans les filières chimiques classiques après utilisation » ajoute le chercheur. L'Irstea va s'associer aux agences de l'eau Adour-Garonne et Rhône-Méditerranée et Corse pour réaliser un suivi à long terme de la performance et du devenir de ces filtres sur les installations existantes. Sur Villenouvelle, l'agence a aussi prévu un suivi spécifique sur deux ans en partenariat avec le Satese local et l'Irstea pour évaluer la performance et la facilité d'exploitation de ces deux technologies combinées avant d'envisager leur déploiement ailleurs sur le bassin.