Un consortium piloté par le Centre de recherche sur la matière divisée d'Orléans a mis au point une nouvelle technique de captage des micropolluants émergents, comme les médicaments. Cette technologie utilise des tissus de carbone activé qui, contrairement au charbon activé en poudre, est constitué de fibres. Les avantages sont multiples : la porosité dans la fibre est facilement accessible, donc l'adsorption et la désorption sont plus rapides que dans le cas de grains. De plus, les fibres sont connectées entre elles, et possèdent ainsi une excellente conductivité électrique. La porosité de la fibre peut donc être régénérée à l'aide d'un courant. « Nous avons déposé un brevet général sur le concept, publié le 21 février dernier, et nous sommes en train de breveter la méthodologie pour chaque famille de polluants, indique Sandrine Delpeux, coordinatrice de ce projet baptisé « Parme » (procédé d'adsorption réversible de micropolluants dans l'eau). En jouant sur le débit d'eau, les temps de séjour, etc., nous optimisons le piégeage des molécules. Ces fibres captent très bien les pesticides, les colorants, le bisphénol A et la plupart des médicaments. » Ce procédé vise aussi bien l'eau potable que les eaux souterraines, l'eau de pluie et même les eaux usées. Un pilote développé par l'École nationale supérieure de chimie de Rennes permet d'étudier le piégeage des polluants sous différentes conditions et différents types d'eaux. Deux industriels, Dacarb (fabricant des fibres de carbone) et Aqualter, prévoient de construire des systèmes de dépollution industriels, peut-être dès 2016. Ces systèmes de petite taille, faciles à mettre en œuvre et peu coûteux, devraient notamment intéresser les industriels de la pharmacie et les hôpitaux, qui éviteraient ainsi de rejeter des médicaments dans les eaux usées.