S'engager dans la rédaction d'une charte de l'eau est un processus de longue haleine. Et pour ne pas se noyer dans un projet surdimensionné et inefficace, il convient de définir en amont objectifs et périmètre d'action. « Nous souhaitions jouer un rôle d'alerte politique vis-à-vis de la gestion de la ressource en eau et de l'aménagement du territoire à l'horizon 2030 », détaille Béatrice Mayen, chef du service eau et milieux aquatiques au conseil régional de Provence-Alpes-Côte d'Azur. La Région a donc lancé en 2009 son schéma d'orientations pour une utilisation raisonnée et solidaire de la ressource en eau (Sourse). Elle a opté pour une démarche de coconstruction en choisissant un public large d'acteurs de l'eau, mais aussi de l'aménagement du territoire ou d'usagers. « La compétence eau est partagée entre des acteurs très divers. Il n'a pas été facile de toucher tous les échelons techniques et politiques », reconnaît Béatrice Mayen. La Région a été secondée par un bureau d'études spécialisé dans les travaux de concertation et de prospective. Dans la Nièvre, c'est l'Agenda 21 du conseil général qui a préconisé l'élaboration de la charte « préservation et valorisation de la ressource en eau ». « Petit département, nous avons choisi d'ouvrir la concertation à tous les partenaires volontaires », détaille François Thomas, chef du service de l'eau au conseil général. Quant au Plan bleu lancé par le conseil général du Val-de-Marne en 2006, il vise la définition d'une politique départementale de l'eau et de l'assainissement à l'horizon 2020. Coconstruire une charte prend du temps. En Paca, il a fallu quatre ans de concertation sous l'égide d'un comité de pilotage politique pour sa rédaction. « Si l'on souhaite une appropriation politique large, il est illusoire de croire que l'on peut y arriver en un an compte tenu des mandatures à gérer », rappelle Béatrice Mayen. Dans le Val-de-Marne, le Plan bleu a été élaboré en trois ans avec la participation d'élus, d'associations, de syndicats, d'entreprises, comme Lyonnaise des eaux ou Veolia, mais aussi de simples citoyens. La charte compte aujourd'hui 85 signataires. Cette étape de signature reste symbolique, mais elle valide l'engagement des partenaires avant l'action. Sa traduction rapide sur le terrain est aussi essentielle pour que le processus de concertation ne s'essouffle pas. En Paca, signée par une cinquantaine de partenaires, la charte débouchera bientôt sur la création de l'Agora, une instance de gouvernance, lieu de débats et d'arbitrages. Le Val-de-Marne est plus avancé. « Nous avons directement adossé à la charte un programme de 94 actions concrètes aussi diverses que la mise en œuvre du schéma directeur départemental d'assainissement et des actions de préservation du patrimoine historique lié à l'eau », détaille Adèle Colvez, responsable du Plan bleu au conseil général. Un comité de suivi composé des signataires se réunit une fois par an pour faire le point. « Nous travaillons désormais sur de nouveaux outils pour mieux évaluer l'avancement de chaque action », détaille la responsable qui assure le suivi à plein-temps. Dans la Nièvre, un programme de 41 actions et un comité de pilotage sont déjà sur pied, mais le Département n'a pas de poste et espère que les partenaires s'investiront. « Pour que cette charte ne reste pas l'outil du conseil général », reconnaît François Thomas. l