A fin de doubler le nombre de captages prioritaires, agences régionales de santé, directions départementales des territoires et agences de l'eau ont reçu les consignes des ministères. « Une homogénéisation des critères de sélection s'imposait, les agences ayant adopté des stratégies différentes lors de la définition des captages prioritaires des Sdage 2010-2015 », souligne Daniel Berthault, chef du bureau des eaux souterraines et de la ressource en eau au ministère de l'Écologie. La première étape a consisté à établir une liste de points d'eau dits « sensibles aux pollutions diffuses », en passant au crible les chroniques de nitrates et de pesticides dans les eaux prélevées. Désormais, un ouvrage est considéré comme sensible si le percentile 90 des concentrations en nitrates est supérieur à 40 mg/l, ou si la moyenne des moyennes annuelles de la concentration d'un pesticide dépasse 0,08 µg/l, 0,4 µg/l pour la somme des pesticides. Les missions inter-services de l'eau et de la nature ( Misen) ont ensuite finalisé la sélection. Leurs experts ont notamment pris en compte les tendances d'évolution de la qualité, le caractère stratégique des ressources (bénéficiant ou non d'une sécurisation) ou encore le niveau de dégradation des masses d'eau. Enfin, dans un souci d'efficacité, les collectivités motivées et fédératrices, capables de porter un projet sur un territoire dépassant généralement leur périmètre, ont été privilégiées. À titre d'exemple, le bassin Seine-Normandie se voit attribuer 230 nouveaux captages prioritaires, choisis parmi ses 1 400 points de prélèvement « sensibles aux pollutions diffuses ». Ils s'ajoutent aux 150 « Grenelle » déjà définis en 2009, le tout inclus dans les 1 700 points d'eau classés « cas 3 et 4 » du Sdage Seine-Normandie 2010-2015 ! « Les cas 3, d'une qualité inférieure à 75 % des normes de l'alimentation en eau potable, et accusant une tendance à la hausse, restent heureusement éligibles aux financements de l'agence de l'eau. Agir dès aujourd'hui sur ces ouvrages constitue une réelle politique de prévention », souligne Anne-Louise Guilmain, chargée d'études spécialisée en agriculture à l'agence de l'eau Seine-Normandie.
Gare aux confusions sémantiques : il va falloir faire preuve de pédagogie pour que les maîtres d'ouvrage et les acteurs concernés s'y retrouvent. « Une cellule nationale d'appui technique verra le jour en 2015 », ajoute Daniel Berthault. Elle permettra de partager et valoriser les expériences déjà menées sur les aires d'alimentation de captages. LG