Pour mesurer des molécules polluantes présentes en très faible quantité (de l'ordre du microgramme par litre) dans l'eau, l'utilisation d'outils biologiques plutôt que de méthodes analytiques commence à faire son chemin. Ingrid Bazin, enseignante-chercheuse au Centre de recherche LGEI (Laboratoire de génie de l'environnement industriel) de l'École des Mines d'Alès, vient de remporter l'appel à projets « Chercheur(se)s d'avenir », lancé par la région Languedoc-Roussillon. Elle travaille à la conception d'un biocapteur capable de détecter le glyphosate, un herbicide courant, et son métabolite, l'AMPA. « Le plus souvent, il s'agit de développer des anticorps ayant une grande affinité avec la molécule pour la capter et la détecter. Mais la molécule de glyphosate est petite, et cela est compliqué à réaliser », explique la chercheuse. Il existe néanmoins un test Elisa (Enzyme Linked ImmunoSorbent Assay) pour le glyphosate, mais il ne permet pas de faire une mesure directe, et donc d'envisager un suivi sur site. « Mon but est donc plutôt de trouver un peptide qui aurait le même rôle qu'un anticorps ».
Les 40 000 euros remportés grâce au prix lui permettront de recruter un chercheur pour l'aider pendant un an, l'objectif étant de proposer à terme un système global de mesure en ligne à un coût raisonnable. « Il y a une vraie demande des professionnels sur le sujet. Les analyseurs en ligne actuels sont très chers, et demandent beaucoup d'entretien. »
Cette recherche fait écho au projet ANR Combitox auquel Ingrid Bazin participe, et qui s'achèvera l'année prochaine. Il vise à concevoir un instrument permettant la mesure biologique multiparamétrique en continu des toxiques dans les réseaux d'eau.