Au cœur de l'été, la ministre de l'Écologie a présenté en Conseil des ministres une série de mesures visant à renforcer l'efficacité de la politique de l'eau. Ségolène Royal a clairement annoncé vouloir accélérer l'atteinte des grands objectifs. Il faut comprendre là respecter la directive-cadre sur l'eau qui impose le bon état de deux tiers des masses d'eau en 2015. Si la bataille est perdue d'avance, la ministre ne veut pas perdre la guerre et choisit de brandir l'arme de la prévention et de la lutte contre le gaspillage de la ressource.
En relançant une politique de l'eau, elle reconnaît les faiblesses des résultats observés, en particulier sur les pollutions diffuses. Alors qu'à peine la moitié des 500 captages prioritaires identifiés en 2009 bénéficient d'un programme d'action en bonne et due forme, la protection de 500 autres a été actée lors de la Conférence environnementale de 2013. Les méthodologies mises à disposition suffiront-elles à mobiliser les acteurs locaux ? La France vient une nouvelle fois d'être condamnée par Bruxelles pour non-application de la directive Nitrates. La ministre le déplore mais affirme que la condamnation vise la période avant 2011, et que depuis beaucoup de décisions ont été prises. La plus récente consiste à élargir encore les zones vulnérables ; 3 800 communes supplémentaires pourraient être classées. La consultation est en cours et devrait aboutir à une carte définitive en fin d'année. Autre échec cuisant, Ecophyto. Ce plan prévoyait de diviser par deux l'usage de phytosanitaires d'ici à 2018. Alors que la deuxième version d'Ecophyto est attendue en fin d'année, le ministère choisit d'avancer à 2016 au lieu de 2020 l'application de l'interdiction des phytos par les collectivités. Il est annoncé également le lancement d'une mission d'inspection pour dresser le bilan du Plan algues vertes de 2010. Enfin, en matière d'économie de la ressource, force est de constater le retard des collectivités à réaliser le diagnostic des réseaux d'eau potable et le plan d'action qui en résulte. Pour encourager les bonnes volontés, le doublement de la redevance prélèvement qui devait pénaliser les retardataires est reporté.
Alors que la compétence gestion des milieux aquatiques va revenir aux collectivités et qu'un rapport parlementaire suggère également de leur confier la responsabilité directe de la protection des captages, on ne peut que s'interroger sur la pertinence de tels transferts. Certes moyens humains et techniques sont indispensables à l'application des textes, mais l'implication des élus demeure toujours le nerf de la guerre.