Strasbourg redonne vie à la forêt rhénane de son île du Rohrschollen. En provoquant l'envasement d'un ancien bras du fleuve, la canalisation du Rhin et les aménagements pour une centrale hydraulique avaient banalisé depuis plusieurs décennies cet espace exceptionnel quasi tropical de 257 ha, portion d'une réserve naturelle nationale. « Ils avaient rompu le lien entre le milieu alluvial et le Rhin, appauvrissant la forêt et provoquant l'apparition d'espèces dominantes non caractéristiques comme le hêtre et l'érable sycomore », relate Frédéric Lonchampt, responsable des espaces naturels à la communauté urbaine de Strasbourg. Un projet européen Life+ de 4,1 millions d'euros a été engagé avec les financements principaux de l'Union européenne, l'agence de l'eau Rhin-Meuse et de la ville de Strasbourg, de façon à restaurer l'état et l'habitat naturels de cette forêt rhénane alluviale. Il crée un chenal de 3 km vers l'ancien bras et installe un ouvrage de prise d'eau en amont de l'île afin de rétablir un régime de crues dynamiques : une grosse vanne libérera l'eau jusqu'à 80 m3 /s, chaque fois que le débit du Rhin dépassera son seuil de 1 550 m3 /s réservé à la production hydroélectrique. « D'après les moyennes statistiques, de telles inondations pourront se déclencher une cinquantaine de jours par an », signale le responsable des espaces naturels. Soucieuse de ne pas brusquer le milieu, l'équipe opérationnelle procède pas à pas. Après la mise en eau en juin, elle a monté la vitesse de lâcher à 35 m3 /s cet été et elle prévoit de la stabiliser à un premier palier à 60 m3 /s dans les mois qui viennent.