TROMBIN'O
Montaison, dévalaison : la migration des poissons n'a guère de secret pour lui. Surtout celle de l'anguille européenne, une espèce en voie de raréfaction depuis une trentaine d'années. Ce phénomène, Antoine Legault, fondateur de Fish-Pass, l'a vu croître lorsqu'il était jeune chercheur, tout juste titulaire d'un DEA d'éco-éthologie à l'université de Rennes : « À l'époque, l'anguille n'intéressait personne », avance-t-il. Pari osé, il lance en 1989 un bureau d'études spécialisé dans l'ichtyologie et les sciences piscicoles. Une discipline au champ plus large qu'il n'y paraît : « Il y a l'école hydraulique (vitesse du courant, émulsion air-eau) et l'école éthologique (comportement). Pour être bon, il faut marier les deux. » Et des bons, il en a trouvé en ferrant des spécialistes en halieutique et en hydrobiologie, tous accros aux continuités écologiques, « mes gars » comme il les appelle… « Nous sommes une quinzaine à réaliser, surtout sur les barrages estuariens, des inventaires de peuplement pour déterminer la franchissabilité de ces ouvrages et l'intérêt de rétablir les continuités. Les mesures de gestion proposées pour restaurer la circulation et le transit sédimentaire se traduisent par des aménagements de type passe à poissons. Comme pour la gestion de foule, il faut réfléchir aux entrées, accès et ce qui peut attirer, la lumière par exemple », souligne-t-il. Fish-Pass propose aussi ses propres produits. « Pour le comptage, il y a du très bon matériel islandais mais face aux innovations étrangères, on est souvent frileux en France. Nous proposons le nôtre tout en faisant le lien avec d'autres, et injectons du liant entre des compétences dispersées. » Ses dernières missions marquantes ? La participation au programme anguille sur la rivière du Frémur, en Bretagne. Et, non loin, près du Mont-Saint-Michel, sur la migration des civelles sur le Couesnon. « En Allemagne, sur l'Elbe, nous sommes aussi intervenus sur une immense passe, d'une taille incomparable avec celles installées en France. » Un œil tourné vers l'étranger qui lui permet d'affiner son savoir-faire. Celui d'un expert à contre-courant.