L'eau du robinet coûte environ 200 fois moins cher que l'eau en bouteille. Et dans de nombreuses régions, elle est de bonne, voire de très bonne qualité. Pourtant, elle n'est pas toujours consommée au quotidien. « Le goût de chlore ou la présence de calcaire peuvent rebuter le consommateur qui les perçoit comme un signe de mauvaise qualité », explique Sandra Frémon, du service communication du SDEA (Syndicat des eaux et de l'assainissement Alsace-Moselle). Pour rendre à l'eau du robinet ses lettres de noblesse, le SDEA a lancé entre 2008 et 2009 une opération de promotion. « Pour aller au plus près de la population, nous avons ouvert des bars à eau, nous nous sommes associés à des événements locaux pour distribuer l'eau et installer des stands de dégustation, se souvient Sandra Frémon. Il nous manquait un objet à mettre sur la table des Alsaciens. Aussi avons-nous créé une carafe estampillée “Eau du Bas-Rhin”, distribuée notamment dans les écoles. » Car pour que le message passe, l'eau du robinet doit redevenir un véritable produit de consommation. « La carafe donne de la visibilité, note Élisabeth Thiéblemont, responsable de la communication chez Eau de Paris. Sans contenant, pas de produit. » La régie de la capitale, a, elle aussi, sa carafe et sa gourde. Elle multiplie les opérations de promotion, des 1 200 points d'eau en accès libre dans la ville aux expositions du Pavillon de l'eau en passant par les actions de sensibilisation et de dégustation sur les marchés ou autres événements.
Besançon a choisi une autre voie.
« Notre service de communication nous a fait remarquer que la marque de l'eau est une garantie et que c'est ce qui manquait à notre eau du robinet », souligne Christophe Lime, adjoint au maire de Besançon, chargé de l'eau et de l'assainissement. D'où, en 2006, la naissance de la Bisontine. Dans la foulée, des carafes sont mises à la disposition des restaurateurs, de même que des dessous-de-plat et des gourdes. Deux ans plus tard, la ville lance la Bisontine pétillante. « Notre eau est ainsi revenue sur le devant de la scène et les Bisontins se sont encore un peu plus approprié leur eau du robinet », poursuit l'adjoint au maire. Les services municipaux ne relâchent pas pour autant leurs efforts et la Bisontine est de toutes les fêtes, des événements sportifs à l'inauguration du tram. À Chambéry, l'eau du robinet a été, quant à elle, baptisée Nivolette, après consultation des habitants et là encore des carafes, des verres non jetables et des fontaines à eaux griffées Nivolette, présents à chaque occasion. Avec un seul objectif : marteler le message. « C'est une pédagogie globale qu'il faut mettre en place sur le long terme, résume Sandra Frémon. Cibler les enfants dans les écoles, par exemple, aide à changer les comportements de la famille... et permet d'éduquer dès maintenant les consommateurs de demain. » Et tous ces efforts finissent par payer. À Besançon, Christophe Lime annonce que « sur les études de satisfaction, nous avons gagné en cinq à six ans entre 10 et 15 % de consommateurs qui nous annoncent boire l'eau du robinet exclusivement ou régulièrement, ce qui nous amène à plus de 85 % de la population ». Mais gagner la confiance des consommateurs est une opération de longue haleine et la persévérance est l'unique solution pour éviter que la commu ni ca tion mise en place ne soit qu'un coup d'épée... dans l'eau. l