Il a suffi d'une quinzaine de lignes dans un chapitre du rapport annuel de la Cour des comptes et d'un communiqué ministériel pour qu'en quelques jours toutes les agences de l'eau publient la liste des aides accordées et leurs bénéficiaires. Mais avec plus ou moins de bonne volonté. Clairement affichée sur la page d'accueil des sites des agences Artois-Picardie et Rhône Méditerranée Corse, elle est un peu moins visible sur ceux de Rhin-Meuse et d'Adour-Garonne et devient carrément impossible à trouver sur ceux de Loire-Bretagne et Seine-Normandie. Et, une fois arrivé à bon port, l'internaute moyen découvre une qualité très variable des données fournies, de la simple liste des aides, bénéficiaires et montants en Seine-Normandie à la base de données pour Rhône Méditerranée Corse. Celle-ci offre un moteur de recherche et lie à chaque ligne d'aide un document PDF sur le projet financé. Une preuve de plus qu'entre informations disponibles et informations accessibles, il peut y avoir un gouffre.
C'est aussi la difficulté de l'Observatoire des services publics de l'eau et de l'assainissement. L'Onema a publié, fin 2014, le troisième rapport national à partir des données 2011 que rentrent les exploitants des services dans la base Sispea. Or s'ils ont l'obligation de produire des données, ils n'ont pas celle de renseigner Sispea. Avec pour conséquence, une représentativité discutable de la valeur des 39 indicateurs publiés, du prix moyen de l'eau au rendement de réseau en passant par le taux de renouvellement. Après cinq ans de fonctionnement, l'Observatoire constate que « la moitié des services ne s'est pas encore impliquée dans le dispositif ». Certes, ils ne représentent que 15 % de la population à travers des communes de petite taille en régie. Les données utilisables aujourd'hui ne représentent pour l'eau potable que 72 % de la population desservie, pour l'assainissement collectif, 61 %, et pour l'assainissement non collectif, 48 %. C'est dire si la marge de progression est grande. Pour convaincre les élus de l'intérêt d'entrer leurs données, l'Onema va simplifier l'interface et multiplier les services liés comme la possibilité d'évaluer les performances de son service. Allez, encore un petit effort !