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EAU

AVEC AIGA, L'IRSTEA S'INTÉRESSE AUX BASSINS NON SURVEILLÉS

PUBLIÉ LE 1er MARS 2015
LA RÉDACTION
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Actuellement, la procédure de mise en vigilance Vigicrues est appliquée sur les 21 000 km de cours d'eau français surveillés par l'État à cause du fort risque d'inondation lié aux crues. Sur ce réseau réglementaire, les dix-neuf services de prévision des crues (SPC) coordonnés par le Service central d'hydrométéorologie et d'appui à la prévision des inondations (Schapi) assurent la transmission de l'information hydrométrique et la prévision des crues des cours d'eau à forts enjeux, grâce à différents modèles hydrologiques de prévision calés sur des données relativement abondantes. Sur les cours d'eau n'appartenant pas à ce réseau réglementaire, les collectivités ont parfois mis en place des systèmes d'alerte locaux plus ou moins sophistiqués pour faciliter la gestion de la crise en cas de crue. Cependant, le territoire surveillé est large et les mesures hydrométriques ne peuvent pas couvrir l'ensemble du linéaire des cours d'eau, en particulier l'activité des multitudes d'affluents et des petits cours d'eau. La problématique des crues sur les petits cours d'eau est liée à la rapidité et la violence de crues éclair, difficiles à anticiper et à estimer. Le manque d'information hydrométrique rend aussi complexe la localisation du phénomène. L'alerte sur les crues des petits bassins versants non jaugés (c'est-à-dire non équipés de mesures de débit) requiert la mise en place de systèmes particuliers, s'appuyant essentiellement sur la détection des pluies fournie par les radars météorologiques. En effet, ces radars fournissent une connaissance spatialisée des pluies intenses génératrices de crues rapides, et l'utilisation de cette information par des modèles hydrologiques est le seul moyen d'anticiper le phénomène. Pour répondre à cette problématique, l'Irstea et Météo-France ont développé en 2003 la méthode Aiga : adaptation d'informations géographiques pour l'alerte en crue. Son principe est simple. Plutôt que renseigner sur la valeur du phénomène (quantité de pluie, débit de crue), elle affiche la rareté (ou le niveau d'aléa) de l'événement en cours. La méthode croise donc l'information obtenue en temps réel sur le phénomène et l'information statistique sur ce dernier pour afficher la gravité de l'événement en cours. Les indications concernant la pluie sont obtenues à partir des données des radars météorologiques. Par un traitement du signal de réflectivité qu'ils enregistrent, il est possible d'estimer spatialement la lame d'eau précipitée, soit la pluie tombée sur chaque kilomètre carré du territoire. L'information sur les débits est modélisée à partir de la pluie obtenue par les radars et transformée en débits dans les cours d'eau grâce à un modèle hydrologique spatialisé dont les paramètres ont été régionalisés (c'est-à-dire connus sur l'ensemble du territoire) et qui couvre ainsi la totalité du réseau hydrographique de la région étudiée. Les données statistiques sur les pluies et les débits (cartes d'aléa) sont issues de bases de données fournies par la méthode Shyreg de l'Irstea. Des seuils sont alors définis pour produire des cartes de localisation de la gravité du phénomène illustrée par le biais d'un code couleur avec une couleur différente pour les événements courants (période de retour comprise entre deux et dix ans), les événements rares (entre dix et cinquante ans) et les événements extrêmes (supérieure à cinquante ans). La méthode a été expérimentée dès 2005 par les trois SPC du pourtour méditerranéen. Elle a montré sa forte dépendance vis-à-vis de la qualité de l'information fournie par les radars météorologiques. Des améliorations réalisées sur le traitement du signal radar permettent d'obtenir une bonne évaluation de la quantité de pluie précipitée et par conséquent une meilleure modélisation des crues. La couverture du territoire s'est aussi nettement améliorée, en particulier dans les zones montagneuses, grâce au déploiement de nouveaux radars, réalisé à l'occasion du projet Rhytmme porté par Météo-France et l'Irstea sur la période 2008-2015. Dans ce cadre, la méthode Aiga a été implantée en 2011 sur une plateforme d'utilisateurs en condition préopérationnelle dans la région Paca. Les résultats de la méthode ont été évalués scientifiquement. La pertinence des informations fournies en temps réel sous la forme de messages d'avertissement délivrés par la plateforme a été appréciée par un groupe d'utilisateurs représentatifs des gestionnaires locaux du risque (services départementaux de l'État, collectivités locales, gestionnaires d'infrastructures, syndicats de rivière, etc.). Cela a contribué à l'amélioration des services de la plateforme. En outre, à l'occasion du Plan submersions rapides, lancé en 2011 par le ministère de l'Écologie, le Schapi a décidé de s'appuyer sur le système Aiga pour développer son service d'anticipation des crues soudaines, dont la mise en œuvre opérationnelle est prévue en 2016. À terme, le service fournira de façon automatique et à destination de toutes les communes françaises éligibles des messages d'avertissement sur les crues soudaines des cours d'eau n'appartenant pas au réseau réglementaire et présents sur leur territoire, ainsi qu'un ser-vice de visualisation de ces avertissements. Des améliorations et des évolutions pourront être apportées, en intégrant les enjeux et la vulnérabilité propres à chaque commune pour redéfinir les seuils de déclenchement des alertes, ou en intégrant des prévisions de pluie pour mieux anticiper des phénomènes extrêmement rapides et dangereux.
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