Les agences de l'eau, Martin Gutton les côtoie depuis le début de sa carrière. En un quart de siècle, il a œuvré au sein de directions départementales et régionales de l'agriculture et de la forêt dans la Somme, l'Ille-et-Vilaine, la Vienne, en Poitou-Charentes, et en Bretagne, où il fut directeur régional jusqu'en février 2015, en plus de quelques années passées en préfecture. Nitrates, mesures agroenvironnementales, gestion quantitative de l'eau, algues vertes : « Par les dossiers que j'ai traités, j'ai pu relever la diversité des interventions des agences, qui sont au cœur des enjeux de société », commente-t-il. Aujourd'hui, ce quinquagénaire entre par la grande porte à l'Agence de l'eau Loire-Bretagne. Il succède à Noël Mathieu, en tant que directeur général, et prend la tête d'une équipe de 330 personnes pour gérer un bassin de 155 000 km2 , avec des crédits d'intervention de 357 millions d'euros pour 2015. Deux grands chantiers l'attendent : la révision en cours du schéma directeur d'aménagement et de gestion des eaux (Sdage), en vue de son approbation fin 2015, et l'ajustement du 10e programme d'intervention, qui court de 2013 à 2018, afin de l'adapter au nouveau Sdage, voire aux évolutions réglementaires. Dans l'immédiat, il participe, sous l'égide du ministère de l'Écologie, et avec les autres directeurs d'agence, aux réflexions menées à la suite du rapport 2015 de la Cour des comptes, notamment sur le principe pollueur-payeur. Pour ce forestier de formation, sorti en 1987 de l'École nationale du génie rural, des eaux et des forêts (Engref), le domaine de l'eau « permet des durées de programme plus courtes, où l'on peut vérifier les résultats, même si cela ne va jamais assez vite dans la reconquête des milieux. Alors que dans la forêt domaniale, par exemple, un programme va s'étaler sur 120 à 130 ans. » Des échéances gratifiantes, donc, pour un « fonctionnaire de terrain », comme il se décrit lui-même. Mais il devra s'approprier un environnement contraint. Pour la seule année 2015, le budget de fonctionnement de l'agence doit baisser de 5 % et le nombre de collaborateurs, d'un peu plus de 1 %. Cela demande un « travail sur les organisations pour réduire l'effectif, plutôt dans les fonctions support, sans affaiblir la qualité du service rendu ».