Pour l’hydrolien, l’année 2015 va permettre de poser un jalon décisif sur le chemin de la commercialisation : celui du raccordement au réseau. L’hydrolienne D10 de la société bretonne Sabella, au large d’Ouessant, devrait être raccordée durant l’été. « Nous avons commencé à travailler dans l’hydrolien en 2000, se souvient Jean-François Daviau, président de Sabella. Ce qui nous a permis de développer notre technologie et, grâce à un financement de la Région Bretagne, d’immerger un premier prototype, Sabella D03, en 2007-2008. » Celui-ci a offert à la société un premier retour d’expérience, utile cette année pour passer à la vitesse supérieure. EDF Énergies nouvelles a mis en place la même stratégie et lancé dès 2008 le projet de démonstrateur de Paimpol-Bréhat, dont le raccordement devrait également avoir lieu cette année. « Plusieurs campagnes de tests ont été menées entre 2011 et 2014, retrace Sylvain Gaignard, directeur de projets énergies marines chez EDF EN. Ces campagnes déboucheront sur le raccordement de deux turbines de 500 kW chacune. » La technologie utilisée est celle d’OpenHydro, société d’origine irlandaise, mais détenue à 60 % par le français DCNS depuis 2013. L’entreprise raccordera également cette année des hydroliennes en baie de Fundy, au Canada.
« Il faut démontrer la fiabilité des projets »En décembre dernier, les résultats de l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) sur les fermes pilotes hydroliennes ont été dévoilés. Deux projets ont été retenus, dont Normandie Hydro, porté justement par EDF EN et DCNS. Ce projet prévoit l’installation dans le raz Blanchard, au large de la Normandie, d’une ferme de 14 MW avec sept hydroliennes OpenHydro, qui seront exploitées pendant vingt ans. « L’objectif est de valider les performances techniques et énergétiques de ces machines. Car pour parvenir à réduire les coûts et rendre l’énergie hydrolienne compétitive, il faut en premier lieu démontrer la fiabilité des projets dans la durée », poursuit Sylvain Gaignard. En 2015, EDF EN et DCNS vont donc poursuivre leurs études et s’atteler à l’obtention des autorisations administratives. La décision de construction devrait être prise courant 2016. Avec un calendrier à peu près identique, le deuxième projet retenu dans le cadre de l’AMI, Nepthyd, se lance lui aussi. Il est porté par Engie (ex-GDF Suez) et Alstom. Également situé dans le raz Blanchard, Nepthyd prévoit l’installation d’une ferme de 4 hydroliennes de 1,4 MW chacune. « Alstom a déjà installé deux prototypes qui ont produit en tout plus de 1,5 GWh d’électricité. L’AMI va maintenant nous permettre de tester la viabilité technico-économique des fermes hydroliennes et de préparer l’avenir », explique Jean-Mathieu Kolb, responsable énergies marines renouvelables chez Engie. L’avenir, c’est le stade commercial, que les industriels envisagent à partir de 2025 ou 2030. ACo